: Vidéo "C’est une ville en ruines"… Amnesty International pointe l’ampleur des pertes civiles à Raqqa
Amnesty International a enquêté sur les raids menés par la coalition internationale contre l'État islamique à Raqqa. Dans un rapport publié mardi 5 juin, l'ONG affirme que des centaines de civils ont été tués et des milliers d'autres blessés dans la ville syrienne dévastée. L’organisation accuse notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.
De juin à octobre 2017, la coalition internationale a mené une opération militaire sur Raqqa pour libérer la ville syrienne qui était alors occupée par l’organisation terroriste État islamique. L’ONG estime en revanche que ces frappes aériennes ont causé des dégâts d’une ampleur sous estimée. Nina Walch est chargée de campagne Conflits armés chez Amnesty International France. Elle a accepté de répondre aux questions de Brut.
"Une ville en ruines". C’est ainsi que Nina Walch décrit la ville syrienne. "Nos chercheurs se sont rendus à Raqqa en février", explique-t-elle. "Ils ont visité 42 sites qui ont été touchés". "Ces gens-là, ils ont travaillé toute leur vie pour construire leur maison, leur magasin, et tout a été détruit", déplore-t-elle.
4000 frappes aériennes en 4 mois
Les chercheurs ont également pu s’entretenir avec 112 témoins. "Ils sont tous d’accord qu’il fallait chasser l’État islamique de la ville", rapporte Nina Walch. "Mais ils ne comprennent pas pourquoi ils ont été bombardés", assure-t-elle. "On a une famille dans laquelle 39 personnes sont mortes".
En effet, en 4 mois 4000 frappes aériennes se sont abattues sur Raqqa et la plupart ont été menées par les États-Unis, à 90 %. Nina Walch mentionne que la coalition a insisté pendant toute la durée de cette opération militaire pour dire qu’il s’agissait de frappes aériennes d’une grande précision. En revanche, elle affirme que le rapport d’Amnesty International fournit des "preuves accablantes" pour "prouver le contraire".
"Une bavure ça peut arriver une fois, deux fois (…) mais à Raqqa on peut se poser des questions sur le choix des cibles, sur les armes utilisées", explique la membre d’Amnesty. En effet, la technique de l’État islamique est d’utiliser les civils comme boucliers. Ainsi, selon elle, la coalition aurait dû adapter ses méthodes.
Amnesty International demande qu’une enquête soit menée et regrette le silence qui entoure ce drame. "La France doit, comme l’ensemble de la coalition, reconnaître l’ampleur de la catastrophe", estime Nina Walch.
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