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Ce que l'on sait de l'Algérien expulsé, soupçonné de recruter pour le jihad en Syrie

Sa famille pensait qu'il faisait de l'humanitaire en Turquie. Il "ne ferait pas de mal à une mouche", selon l'un de ses amis.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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A Reyhanlı, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, les candidats au jihad peuvent trouver tout le matériel nécessaire pour combattre. (FRANCE 2 / FRANCETV INFO)

La France a expulsé, jeudi 1er mai, un Algérien de 37 ans, soupçonné de recruter des Français pour aller mener le jihad en Syrie. Ce type de mesures, l'expulsion immédiate de ressortissants étrangers impliqués dans les filières jihadistes, fait partie du plan anti-jihad présenté le 23 avril par Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur.

Francetv info détaille ce que l'on sait de cet homme, résident régulier en France qui a été interpellé en Turquie dans un bus convoyant un groupe vers la Syrie.

Il était parti faire de l'humanitaire, d'après sa famille

Arrivé en 1980 en France, à l'âge de 2 ans, il était titulaire d'une carte de séjour. Il vivait chez ses parents à Albertville (Savoie). La famille habite le quartier du Champ de mars, un secteur populaire fait de barres HLM de trois étages, bien entretenues et d'apparence calme.

"Quand il est parti, il a dit 'je vais donner un coup de main, il y a des malades'", a affirmé le père du suspect, Ferhat Bouhabila, qui ne croit pas une seconde que son fils s'était rendu en Turquie pour la Syrie, "pour le jihad".

Le père de l'Algérien expulsé de France, car suspecté de recruter pour le jihad en Syrie, à Albertville (Savoie), le 2 mai 2014. (THOMAS BERNARDI / AFP TV / AFP)

"Il était normal. Il était en formation maçonnerie", a ajouté un homme qui s'est présenté comme un son cousin. "J'ai été étonné de le savoir parti pour la Syrie et depuis je n'ai plus eu de nouvelles de lui", a-t-il poursuivi.

Il vivait "comme tout le monde", selon ses amis

Dans son cercle amical, l'hypothèse jihadiste ne convainc pas. "On sortait ensemble en boîte de nuit, pour faire la fête. Il n'est pas du tout radical", a affirmé Maydime, l'un de ses amis. Affirmant qu'il "allait faire de l'humanitaire", il a répété que son ami "ne ferait pas de mal à une mouche".

Tewfik, un autre proche, raconte qu'"il sortait, il vivait comme tout le monde. Il n'a rien à voir avec tout ça, peut-être qu'il s'est fait piéger". Selon lui, son ami "n'a pas la carrure d'un jihadiste, ceux qui le sont ont des grosses têtes, mais dès qu'on a la barbe on est visé !"

Il fréquentait la mosquée du coin

Selon des riverains, l'Algérien expulsé fréquentait la mosquée du quartier : "Je le connais, il va à la mosquée, il ne faut pas dire que c'est un terroriste, ce n'est pas vrai !", a affirmé un homme discret d'une soixantaine d'années, de confession musulmane, devant l'édifice religieux.

"Ici à Albertville, l'islam est impeccable", a ajouté cet homme. "Il ne va pas tous les jours à la mosquée, il est innocent, il est gentil, il parle à tout le monde, c'est une erreur", a répété le père du suspect.

Il connaissait deux islamistes condamnés

Mais selon le ministère de l'Intérieur, l'homme de 37 ans est lié à des "membres de la mouvance islamiste radicale qui ont été impliqués dans le recrutement d'individus pour intégrer des filières jihadistes à destination de l'Afghanistan et de la Syrie".

Il connaissait notamment deux hommes, habitant comme lui en Savoie, qui avaient été condamnés en février 2011 à trois ans de prison pour avoir organisé l'envoi de jihadistes en Afghanistan, a détaillé une source proche du dossier. En février, il avait quitté la France pour se rendre en Turquie, porte d'entrée habituelle des Européens voulant aller faire la guerre en Syrie.

Lors de son arrestation, il était accompagné de deux couples avec de jeunes enfants dans le car qui l'emmenait vers la Syrie, selon i-Télé. Et les deux couples qui l'accompagnaient ont été eux expulsés à Genève (Suisse).

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