Alep : la communauté internationale réclame la reprise des évacuations, supervisées par des observateurs
La France a présenté vendredi un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité de l'ONU.
Les ambulances et les bus censés évacuer les habitants ont dû rebrousser chemin, vides. Les évacuations de rebelles et de civils ont de nouveau été suspendues, vendredi 15 décembre, à Alep. En cause, un accroc dans le processus. L'armée syrienne a accusé les rebelles de "ne pas respecter les conditions de l'accord", une source militaire affirmant que les insurgés "ont ouvert le feu et voulu sortir des armes moyennes et prendre des otages".
Avançant une autre raison pour la suspension de l'opération, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a argué du blocage par des rebelles de l'évacuation des blessés des villages chiites prorégime de Foua et Kafraya dans la province voisine d'Idleb (nord-ouest), assiégés par les insurgés. Le départ de ces blessés était l'une des conditions à l'accord du régime pour permettre les évacuation à Alep.
Une résolution française pourrait être votée ce week-end
En attendant, il resterait environ 40 000 civils dans le réduit rebelle d'Alep et entre 1 500 et 5 000 combattants et leurs familles, selon l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. "Il y a encore un grand nombre de femmes et d'enfants de moins de cinq ans qui doivent sortir. (...) Nous savons qu'ils sont désespérés", s'est inquiétée la représentante de l'Organisation mondiale de la Santé en Syrie (OMS), Elisabeth Hoff.
Faisant état de "signalements sur des exécutions de civils", le président américain Barack Obama a réclamé le déploiement "d'observateurs impartiaux" pour superviser, entre autres, la reprise des évacuations. La France a présenté vendredi un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité de l'ONU où la Russie, alliée de Damas, s'est montrée sceptique. Un vote pourrait avoir lieu ce week-end, selon l'ambassadrice américaine à l'ONU.
Alep désormais "synonyme d'enfer"
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a lui aussi appelé à la reprise des évacuations, estimant qu'Alep est désormais "synonyme d'enfer".
Depuis jeudi, environ 8 500 personnes, dont 3 000 combattants, ont été évacuées vers des territoires sous contrôle rebelle, selon l'OSDH. Quelque 8 000, selon les médias officiels syriens. A Khan al-Assal, localité à l'ouest d'Alep où certains évacués ont été conduits, le désespoir et l'amertume emplissent le coeur de ceux qui ont dû quitter leur ville.
"Tout le monde nous a laissés tomber"
"C'était catastrophique. J'ai fait la prière du matin, c'était la dernière à Alep et j'ai pleuré. Je ne sais pas ce que je vais faire", s'emporte Mohammad, professeur d'université. "On a quitté notre terre", lance Abou Ahmed Salah, encore en uniforme militaire. "Tout le monde nous a laissés tomber", lâche-il.
Khan al-Assal n'est qu'une escale et ces déplacés vont devoir chercher refuge chez des proches ou dans des centres d'accueil. Une partie des combattants ont aussi été acheminés vers Idlib, la dernière grande place forte de la rébellion. Mais selon Staffan de Mistura, cette ville pourrait bien devenir la "prochaine Alep".
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