Remis en liberté jeudi, Julian Assange a déclaré qu'il rapidement redoutait d'être extradé vers les Etats-Unis
Au lendemain de sa sortie de prison, Julian Assange s'est dit la cible d'une "enquête très agressive" des Etats-Unis. Il estime que son extradition est "de plus en plus probable".
La loi de 1917 sur l'espionnage pourrait être utilisée par Washington pour inculper l'Australien, même si la justice américaine examine d'autres charges possibles.
"J'espère poursuivre mon travail et prouver mon innocence", a déclaré à la presse le fondateur de WikiLeaks en quittant la Haute cour de Justice. Au terme d'une audience de 90 minutes, le fondateur de WikiLeaks s'est vu accorder jeudi une nouvelle mise en liberté sous caution, après l'appel formulé par le parquet britannique mardi. Cette décision est cette fois sans recours.
"La cour ne considère pas que dans ce cas elle a affaire à un fugitif essayant d'échapper à la justice, ou cherchant à se soustraire à un interrogatoire et à des poursuites", a considéré le juge Duncan Ouselay.
Julian Assange était détenu depuis le 7 décembre à Londres dans le cadre d'une demande d'extradition vers la Suède où il est accusé d'agression sexuelle. En première instance, l'Australien de 39 ans avait été remis en liberté conditionnelle avant que le parquet britannique, représentant la Suède, ne fasse appel et qu'il retourne en prison.
Assange remercie ses partisans
"C'est génial d'humer l'air frais de Londres", a plaisanté Julian Assange, âgé de 39 ans, à propos de son séjour forcé depuis le 7 décembre dans la "cellule d'isolement d'une geôle victorienne".
L'Australien a remercié "tous ceux qui, de par le monde, ont foi en moi", ses défenseurs, ceux qui ont donné de l'argent "malgré les grandes difficultés et l'adversité", et aux journalistes "qui ne sont pas tous sous influence" ainsi qu'au système légal britannique qui prouve que "la justice n'est pas encore morte".
Ses partisans l'ont accueilli à sa sortie de la Haute Cour en scandant "Julian, Julian, dehors, dehors, dehors". Plusieurs portaient un bâillon aux couleurs du drapeau américain. "Condamner des crimes de guerre n'est pas un crime", proclamait une pancarte, faisant allusion à la diffusion par WikiLeaks de documents militaires et diplomatiques américains, ces derniers mois.
En liberté mais en résidence surveillée drastique
Le fondateur de WikiLeaks était présent jeudi à l'audience en compagnie de sa mère venue spécialement d'Australie. Si la Haute cour a répondu favorablement à cette troisième demande d'Assange, ce dernier doit néanmoins observer des mesures drastiques.
Il doit porter un bracelet électronique, vivre en résidence surveillée dans le manoir d'un ami journaliste à environ 200 km de Londres, donner son passeport, respecter un couvre-feu et se présenter chaque jour au commissariat de police local le plus proche. Mais il aura accès à internet dans le manoir.
La libération a été retardée en raison des difficultés à rassembler les 240.000 livres (283.000 euros) de la caution, dont 200.000 devaient être versés en liquide. Plusieurs personnalités, comme le réalisateur américain Michael Moore et le cinéaste britannique Ken Loach, ont mis la main à la poche.
Julian Assange a passé neuf nuits dans une maison d'arrêt datant de l'ère victorienne, en bonne partie dans une cellule d'isolement sans contact avec l'extérieur, et avec un droit de visite réduit à une personne par semaine. "Nous pensons que cet appel n'était pas nécessaire" et qu'il est "une preuve de la continuelle vendetta menée par la Suède contre Julian Assange", a estimé son avocat Me Stephens.
L'Australie renonce aux poursuites
La police australienne a annoncé vendredi qu'elle renonçait à enquêter sur WikiLeaks, estimant que le site n'avait pas enfreint la loi australienne en diffusant des messages de la diplomatie américaine.
Le gouvernement australien et son Premier ministre, Julia Gillard, avaient précédemment affirmé que les activités de WikiLeaks, fondé par un ressortisant du pays, étaient "complètement irresponsables" et potentiellement illégales.
"La police a terminé son examen des pièces disponibles et n'a pas établi l'existence d'un quelconque délit, sanctionné par la loi australienne", a déclaré la police dans un communiqué. "Si de nouveaux câbles sont publiés et qu'un délit est soupçonné, cela sera signalé à la police qui évaluera les faits", a ajouté la police.
Le procureur-général Robert McClelland a de son côté indiqué que le gouvernement demeurait extrêmement contrarié par "la diffusion irresponsable et non autorisée de documents classés".
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