Quatre ministres ont quitté le nouveau gouvernement d'union nationale et un cinquième envisage de les suivre
Après le départ mardi de trois ministres appartenant à l'UGTT, Moustafa Ben Jaafar, nommé ministre de la Santé,a démissionné.
Tous protestent contre la présence dans le gouvernement de membres du RCD, le parti de l'ex-président Ben Ali. Le forum démocratique pour le travail et les libertés, FDTL (opposition) suspend sa participation au gouvernement.
En réponse, le président et le premier ministre ont annoncé mardi qu'ils quittaient le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Dans le même temps, le parti a radié de ses rangs le président déchu Ben Ali ainsi que six de ses proches et collaborateurs, a annoncé l'agence officielle tunisienne TAP.
Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a radié mardi de ses rangs le président déchu Ben Ali ainsi que six de ses proches et collaborateurs, a annoncé l'agence officielle tunisienne TAP.
Le parti d'opposition Ettajdid (ex-communiste) a, lui, menacé mardi de quitter le nouveau gouvernement d'union nationale formé la veille, à moins que tous les ministres qui étaient membres de l'ancien parti au pouvoir ne démissionnent de cette formation.
L'UGTT a annoncé qu'elle ne changera pas d'avis malgré la rupture du président et du premier ministre avec le RCD. "Notre condition clé est que le gouvernement ne comprenne aucun ministre qui appartenait au précédent", a déclaré à Reuters Abid Briki, interrogé par téléphone.
Ghannouchi défend son gouvernement
Le nouveau Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a défendu mardi son gouvernement d'union nationale annoncé la veille, assurant que les ministres de Ben Ali maintenus à leur poste avaient "les mains propres".
Il a aussi déclaré que les auteurs des répressions des manifestations seraient poursuivis.
"Tous ceux qui ont été à l'origine de ce massacre, de ce carnage, rendront (compte) à la justice", a dit Mohammed Ghannouchi sur Europe 1.
Les ministres clés sont issus du gouvernement de Ben Ali
Outre le Premier ministre, sept membres de l'ancien régime sont reconduits, notamment aux postes régaliens de l'Intérieur (Ahmed Friaa), de la Défense (Ridha Grira), des Affaires étrangères (Kamel Morjane) et des Finances (Ridha Chalghoum).
Composé de 24 ministres, le nouveau gouvernement sera chargé de gérer la transition, de préparer les élections présidentielle et législatives. Constitutionnellement, le délai prévu pour l'organisation est de deux mois.
Des élections dans "six mois au plus tard"
Dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Arabiya, Mohammed Ghannouchi a estimé que c'était insuffisant et annoncé que les élections générales devraient se tenir dans "six mois au plus tard".
L'opposition entre timidement au gouvernement
Dans le nouveau cabinet figurent trois chefs de parti politique de l'ancienne opposition au régime du président Ben Ali. Il s'agit de Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP), qui prend le poste de ministre du Développement régional; Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL) qui obtient le portefeuille de la Santé; et Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid, à l'Enseignement supérieur.
Arrivée de deux figures de la société civile
Des représentants de la société civile figurent également dans le nouveau cabinet. On remarque en particulierau secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports. Slim Amamou, qui militait en faveur de la liberté d'expression, avait été arrêté le 6 janvier puis libéré jeudi soir, juste après le discours du président Ben Ali annonçant la levée complète de la censure des sites internet.
Remarquée également, l'entrée au gouvernement de la cinéaste Moufida Tlatli en tant que ministre de la Culture. Mme Tlatli s'est rendue célèbre par son long-métrage intitulé les Silences du palais, qui a remporté de nombreuses récompenses internationales, dont une mention du jury de la Caméra d'or au Festival de Cannes.
Des mesures d'ouverture démocratique
Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi a souligné par ailleurs qu'il n'y avait plus de ministère de l'Information, ce qui entraîne "la liberté totale de l'information" dans le pays, a-t-il assuré. Il a également annoncé la prochaine libération de tous les prisonniers politiques et la levée de l'interdiction d'activité de la Ligue des droits de l'Homme en Tunisie.
Toutes les organisations non-gouvernementales (ONG) sont en outre libres d'agir dans le pays. Tous les partis politiques qui le demanderont seront également légalisés. Actuellement, le parti islamiste Ennahda et le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), sont notamment interdits.
Mohamed Ghannouchi: "priorité à la sécurité"
"Notre priorité, c'est la sécurité, ainsi que les réformes politiques et économiques", a expliqué le Premier ministre, trois jours après la fuite précipitée du président Ben Ali chassé par un mois de contestation de la rue.
Mohammed Ghannouchi a précisé avoir soumis la liste du nouveau gouvernement au président par intérim, l'ancien président du Parlement . A peine formé, le gouvernement de transition a limogé Thoufi Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie.
Le Parti communiste dénonce ce gouvernement
A Paris, Hamma Hammami, le chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), interdit sous le régime Ben Ali, a déclaré qu'il ne présentera pas de candidat à l'élection présidentielle tunisienne dans six mois. "Parce que des élections dans six mois ne donneront qu'un président qui appartient au RCD", le Rassemblement constitutionnel démocratique du président déchu Zine el Abidine Ben Ali.
"D'autre part le PCOT défend un régime parlementaire et pas un régime présidentiel ; c'est pour cette raison-là que nous appelons à une assemblée constituante qui définisse une nouvelle Constitution", a-t-il ajouté. "Nous restons dans l'opposition et nous restons à côté du peuple tunisien qui continue sa lutte", a dit Hamma Hammami.
L'opposant Marzouki "indigné"
A Paris également, l'opposant Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la république (CPR) parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali, a réagi en dénonçant une "fausse ouverture". "Je suis indigné, parce qu'on se moque de l'intelligence des Tunisiens et inquiet sur l'avenir de la Tunisie ", a dit sur iTélé le dirigeant du Congrès pour la république, qui vit en exil en France.
Marzouki, qui avait laissé entendre qu'il serait candidat à la future élection, a estimé que sa candidature était "momentanément" remise en cause. "Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire par cette espèce de mascarade et que très vraisemblablement ce gouvernement devra accepter le verdict du peuple, pour que ce soit un vrai gouvernement d'union nationale, ce qui n'est pas le cas actuellement", a-t-il expliqué.
Les Tunisiens ne veulent pas se faire voler leur révolution
La composition du gouvernement de transition est scrutée à la loupe par les Tunisiens, qui n'entendent pas se faire confisquer leur révolution dite "du jasmin" -par les médias occidentaux-, qui a fait tomber le régime après un mois d'une révolte populaire sans précédent réprimée dans le sang par le pouvoir déchu et qui s'est soldée par 78 morts selon les derniers chiffres officiels publiés lundi soir.
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