Quand Interpol piste les candidats au djihad
Depuis qu'elle a pris les choses en main en avril 2013, l'organisation a déjà fait circuler les noms de 820 combattants potentiels. Mais ce n'est qu'un début, car seuls 33 des 190 pays membres collaborent pour le moment à cette action. Ses responsables souhaitent en faire participer beaucoup d'autres.
Il faut dire qu'Interpol possède des outils très efficaces pour repérer et suivre à la trace les personnes suspectées de radicalisation. En premier lieu, ses fameuses «fiches rouges» qui regroupent des informations sur chacun des cas signalés ou suspects, et qui, mises à la disposition des polices de tous les pays membres, ne demandent qu'à être alimentées par les mêmes polices.
Ensuite, son fichier des documents de voyage volés, constitué après les attentats du 11 septembre 2001 à partir d'informations fournies par 167 pays. Quelque 43 millions de passeports et autres cartes d'identité dérobés y sont répertoriés. Tout autant que les délinquants, cette gigantesque base de données dénommée SLTD (Stolen or Lost Travel Documents, ndlr) permet de dépister les futurs djihadistes lorsqu'ils tentent de passer les frontières avec de faux papiers. Elle est consultée plus de 800 millions de fois par an par les policiers d'Interpol.
Une procédure de contrôle facile baptisée I-Checkit
Et les compagnies aériennes commencent elles aussi à s'y intéresser. Ainsi Qatar Airways a-t-elle été la première à signer il y a quelques mois un accord pour pouvoir l'utiliser, afin de renforcer la sécurité des passagers et réduire les menaces terroristes. D'autres transporteurs internationaux pourraient l'imiter. D'autant que la procédure de contrôle, baptisée I-Checkit, est assez rapide : un simple scan suffit pour vérifier que les documents de voyage ne figurent pas dans la base de données. Les partenaires de la compagnie, comme les hôtels, peuvent aussi consulter le fichier et transmettre des informations sur les passeports de leurs clients.
Selon Interpol, une dizaine de pays seulement a pour le moment recours au SLTD, au grand dam de Ronald Noble, qui vient d'achever son mandat à la tête de l'organisation. Malgré les menaces terroristes «de nombreux pays ne prennent toujours pas leurs responsabilités au sérieux», tonne-t-il. Cela pourrait bientôt changer.
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