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Putsch au Burkina Faso : l'ex-chef d'état-major de Compaoré à la tête du pays

Les militaires, qui retiennent en otage depuis hier le président et son gouvernement, annoncent avoir dissous les institutions de la transition, et promettent d'organiser des élections. Ils ont placé à la tête du pays l'ex-chef d'état-major de Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré. La France condamne fermement le coup d'Etat.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Le général Gilbert Diendéré est le nouvel homme fort du Burkina © REUTERS/Joe Penney)

Il s'agit bien d'un coup d'Etat... Depuis hier mercredi, le président du Burkina et son gouvernement sont retenus en otage par les militaires de la garde présidentielle, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Cette garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014, a finalement annoncé ce jeudi matin que les institutions de la transition étaient dissoutes.

Selon la déclaration télévisée du lieutenant-colonel Mamadou Bamba, un "Conseil national de la Démocratie" a mis "fin au régime déviant de la transition (...) Le président de la Transition est démis de ses fonctions. Le gouvernement de transition et le Conseil national de la Transition sont dissous. Une large concertation est engagée pour former un gouvernement qui se dévouera à la remise en ordre politique du pays et à la restauration de la cohésion nationale pour aboutir à des élections inclusives et apaisées" .

Le général de la garde présidentielle, l'ex-chef d'état-major de Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré, a été nommé chef du "Conseil de transition". Les frontières sont fermées, et un couvre-feu est instauré entre 19h et 6h.

Interrogé par la chaîne France 24, Gilbert Diendéré se défend de tout contact avec Blaise Compaoré - accusé de tirer les ficelles du putsch : "Je n'ai pas eu de contact avec lui ni avant ni même après, il ne m'a pas appelé, je ne l'ai pas appelé non plus" . Quant au président retenu en otage en compagnie de son Premier ministre, ils seront prochainement libérés : "Nous n'allons pas les garder indéfiniment, nous allons les libérer et ils vont rentrer chez eux" . Enfin, il s'est employé à rassurer la communauté internationale : "Nous savons très bien qu'un coup d'Etat n'est jamais accepté par la communauté internationale mais nous demandons à la communauté internationale de bien comprendre le sens de notre action et nous nous engageons à respecter certains principes".

L'UE, l'ONU et la France réagissent

Le président de l'assemblée de transition dénonce un "coup d'Etat" . Et l'Union européenne, après l'ONU hier, demande la "libération immédiate" du président et du chef de gouvernement, "dans le respect de la Transition et de l'intérêt général" .

La France, ex-puissance coloniale, "condamne fermement le coup d'Etat" et François Hollande appelle "à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées" et "à la reprise du processus électoral". Pour le président de la République française, "il ne peut pas y avoir de légalité avec des putschistes" . ** Le Quai d'Orsay appelle les Français sur place à rester chez eux.

Sur place, la situation semble très tendue. Selon un journaliste, les militaires ont procédé à des tirs de sommation pour disperser la foule dans le centre de la capitale Ouagadougou. Une centaine de personnes s'étaient rassemblées place de l'Indépendance, pour réclamer la libération du président.

Elections compromises

Le RSP, le Régiment de sécurité présidentielle, qui vient de prendre le pouvoir, était un des piliers du régime de Blaise Compaoré. Lundi, la Commission de réconciliation et des réformes avait proposé de le démanteler. Dans son rapport, elle décrivait ce régiment de 1.200 homme comme "une armée au sein de l'armée".

Des élections générales, présidentielle et législatives, devaient se tenir le 11 octobre prochain, pour mettre fin au processus de transition enclenché après le renversement de Blaise Compaoré. Compaoré avait été chassé du pouvoir en octobre 2014 parce qu'il voulait changer la Consitution, ne plus avoir de limitations au nombre de mandats présidentiels, et pouvoir se maintenir, après 27 ans à la tête du pays.

 

  (Le palais présidentiel, à Ouagadougou (image d'archives) © RADIOFRANCE/Nathanaël Charbonnier)
 

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