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Guerre au Yémen: du panarabisme à la lutte contre les chiites et contre l'Iran

Une dizaine de pays arabes se sont coalisés autour de l’Arabie saoudite pour intervenir militairement au Yémen. Une telle alliance entre pays arabes est une première. De la Jordanie au Maroc, en passant par les pays de la péninsule arabique, cette alliance est la plus importante depuis la première guerre du Golfe. Mais, à l’époque, cette coalition était menée par les Etats-Unis.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Combattants huthis au Yémen (25 mars 2015) (MOHAMMED HUWAIS / AFP)

Une intervention militaire conduite par l'Arabie saoudite, impliquant une dizaine de pays arabes a été lancée jeudi 26 mars 2015 au Yémen pour venir en aide au président Abd Rabbo Mansour Hadi.   L'opération baptisée «Tempête décisive» a été déclenchée par des frappes sur différentes positions des rebelles Houthis qui se sont approchés ces derniers jours d'Aden, la grande ville du sud où s'est réfugié le chef de l'Etat.
 
Tous les pays arabes ne suivent cependant pas cette opération dirigée par l’Arabie saoudite. La Syrie (qui était dans la coalition anti-irakienne) est absente tout comme la Libye, la Tunisie ou l’Algérie. Alger affirme être pour la légalité internationale. «L’Algérie est très légaliste sur le plan international. Alger ne peut pas soutenir une intervention militaire sans l’aval de l’ONU et du Conseil de sécurité», peut-on lire dans El Watan. «Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas d’alternative au dialogue et le règlement pacifique est un impératif », a déclaré Alger.

Les réseaux sociaux n'ont pas manquer de railler cette «unité» arabe qui n'en est pas vraiment une. En témoigne ce diagramme qui circule sur twitter et qui résume bien la complexité des liens dans la région.


Côté égyptien, ce n’est pas la première fois qu’on intervient au Yémen. Au début des années 60, l’Egypte de Nasser était intervenue pour soutenir les républicains yéménites contre les royalistes…soutenus par les Saoudiens et les Anglais. C’était l’époque de Nasser et du panarabisme. Aujourd’hui, l’Egypte de Sissi vole à l’appui de son bailleur de fonds, l’Arabie, que l'on avait connue moins réactive face à la poussée d'Al Qaida (AQPA) dans le même Yémen.
 
Les tenants de ce panarabisme souhaitaient unifier les peuples arabes sur des valeurs progressistes…s’opposant ainsi aux régimes conservateurs de la région, généralement soutenues par les puissances occidentales. Résultat, le rêve panarabe n’a jamais débouché sur grand-chose, à part une éphémère union entre la Syrie et l’Egypte, la République Arabe Unie (1958-1961).
 
Pourtant le discours d’unité arabe existe toujours. Le sommet, prévu les 28 et 29 mars 2015 en Egypte, constitue «un tournant décisif dans l'éclosion de la conscience et de la solidarité commune arabe pour faire face à la menace du terrorisme et au chaos dans le monde arabe», a affirmé  le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar. 
 
Le rêve du panarabisme n’avait même pas pu créer une unité pour soutenir le conflit le plus symbolique de la région, celui entre les Palestiniens et Israël. Aujourd’hui, l’union qui  se fait derrière l’Arabie saoudite  semble plus se faire sur des bases religieuses (sunnites) en désignant un ennemi commun (les chiites et l’Iran qui n'est pas un pays arabe). Le Hezbollah libanais, proche de l'Iran et de Damas, ne s’y est pas trompé et «condamne fermement l'agression américano-saoudienne visant le peuple yéménite frère (...) et appelle l'Arabie saoudite et ses alliés à cesser immédiatement et sans conditions cette agression injuste».
  
Pas étonnant dans ce cas que des pays arabes comme la Syrie ou l’Irak ne fasse pas partie de cette coalition.

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