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Cessez-le-feu en vue au Yémen entre la rébellion houthie et l’Arabie saoudite

Un nouvel échange de prisonniers a eu lieu entre l’Arabie saoudite et la rébellion chiite yéménite alliée aux forces de l’ancien président déchu, Ali Abdallah Saleh. Un geste qui intervient dans le cadre de la trêve humanitaire en vigueur depuis le 9 mars 2016 et au lendemain du premier anniversaire de l’opération «Tempête décisive» déclenchée par Ryad contre les insurgés.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
A l'occasion du premier anniversaire de l'intervention saoudienne au Yémen, des milliers de Yéménites ont manifesté à Sanaa, le 26 mars 2016, contre la coalition arabe. Ils brandissaient des portraits de l'ancien président déchu, Ali Abdallah Saleh, qui a fait une brève apparition et appelé à «une paix des braves».  (MOHAMMED HUWAIS/AFP)
La coalition militaire arabe, mise sur pied par Ryad pour mater la rébellion au Yémen, a  annoncé qu’un nouvel échange de prisonniers avait eu lieu dans le cadre de la trêve instaurée le 9 mars 2016.
 
Selon la coalition, neuf Saoudiens «retenus au Yémen» ont été récupérés par les autorités du royaume en échange de 109 Yéménites «arrêtés dans les zones d’opérations militaires» près de la frontière sud de l’Arabie saoudite, sans plus de précisions.

Des échanges de prisonniers dans le cadre d'une trêve humanitaire 
Il s’agit de la deuxième opération assymétrique du genre, après la restitution d’un caporal saoudien contre sept rebelles début mars. Un échange rendu possible grâce à une médiation tribale qui avait débouché également sur l’instauration d’une trêve humanitaire à la frontière saoudo-yéménite.
 
La coalition s’est d’ailleurs déclarée satisfaite de la poursuite de l’accalmie à la frontière. Elle espère la voir «s’étendre aux autres zones de combat, de manière à faciliter l’envoi d’aides à l’ensemble du territoire, en soutien aux efforts des Nations Unies pour parvenir à une solution politique».
 
Ces signes d’apaisement sont apparus un an, jour pour jour, après le déclenchement de l’opération arabe «Tempête décisive» contre l’insurrection des houthis. Une branche de l’Islam chiite soutenue par l’Iran et alliée aux forces du président Ali Abdallah Saleh, qui les avait pourtant combattus de 2004 à 2010, avant d’être évincé par le soulèvement de 2011.
 
A cette occasion, des dizaines de milliers de Yéménites ont d’ailleurs manifesté samedi 26 mars dans les rues de Sanaa, la capitale toujours contrôlée par les rebelles, pour protester contre «l’agression tyrannique saoudienne».

L'ancien président déchu Ali Abdallah Saleh appelle à une «paix des braves» 
Une manifestation à l’appel du Congrès Général du Peuple, le parti de l’ancien président Saleh qui a fait une brève apparition en public pour la première fois depuis un an. «Depuis ici, a-t-il lancé, nous tendons une main pour la paix, la paix des braves. Pour des pourparlers directs avec le régime saoudien, sans passer par le conseil de sécurité».
 
Ancien allié de Ryad, où il a été soigné en 2011 après un attentat qui a failli lui coûter la vie, Ali Abdallah Saleh essaye-t-il de doubler les Nations Unies ?
 
Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, le Mauritanien médiateur de l’ONU au Yémen, a en effet annoncé il y a quatre jours un cessez-le-feu pour le 10 avril prochain, ainsi qu’une reprise des négociations de paix au Koweit une semaine plus tard.

Un pays plongé dans une grave crise humanitaire et menacé de démembrement 
Depuis la prise de la capitale par la rébellion en septembre 2014 et l’éviction du président Abd Rabbo Mansour Hadi, le successeur de Saleh toujours confiné à Aden, le pays a plongé dans le chaos. Menacé de démembrement entre le nord, sous contrôle houthi, et le sud, où Al Qaeda et l’Etat islamique se déchirent, sa population connaît une grave crise humanitaire.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 6.200 personnes ont été tuées, 30.000 blessées et près de 2,5 millions déplacées. L’OMS précise également que 21 millions de civils, soit 82% de la population, ont besoin d’assistance humanitaire.
 
Paix des braves ou paix onusienne ? Les prémisses d’un apaisement ont été ébauchées à quelques jours de l’anniversaire de l’intervention arabe. Le porte-parole de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed Assiri a annoncé la fin prochaine «des opérations militaires majeures au Yémen». Une annonce aussitôt saluée par Washington qui commence à s'inquiéter du coût humain de ce conflit.
 

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