Cet article date de plus de treize ans.

Sixième jour en Egypte : la révolte continue

La place Tahrir, nœud de la contestation au Caire, n'a pas désempli dimanche, au sixième jour de ce soulèvement populaire contre le régime égyptien. Malgré les nouvelles nominations annoncées par Hosni Moubarak la veille, malgré le couvre-feu, malgré quelques démonstrations de force de l'armée, et malgré le retour de la police, qui avait déserté les rues égyptiennes pendant près de 48 heures. _ Le bilan de cette révolte s'est encore alourdi : au moins 125 morts. L'opposition s'organise. La communauté internationale se concerte. Et le Raïs apparaît désormais en fin de course.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

L'annonce de la nomination de deux militaires aux postes-clé de vice-président et de Premier ministre n'aura pas dissuadé les manifestants d'envahir les rues de la capitale égyptienne. Pas plus que le nouveau défilé de colonnes de blindés dans la capitale, le passage en rase motte d'avions de chasse au-dessus de la place Tahrir ou le redéploiement de la police, qui avait pourtant subitement disparu de la circulation vendredi soir. Et c'est encore moins le couvre-feu prolongé d'une heure à partir de ce lundi, qui risque d'intimider les foules !

Hosni Moubarak fait montre de fermeté, mais semble dans le même temps plus que jamais acculé. Tirant sans doute les leçons de la révolution tunisienne, il s'appuie aujourd'hui expressément sur l'armée. Après avoir notamment nommé Omar Souleïmane, ancien patron du renseignement, au poste de vice-président, il a consulté des responsables militaires toute la journée de ce dimanche, sans doute pour resserrer leur allégeance à sa personne. Mais le pari n'est pas gagné d'avance.

Moubarak poussé vers la sortie

Le président Moubarak, en outre, a donné sa lettre de mission ce dimanche soir au nouveau Premier ministre. Mais jamais il n'y est question de réforme politique. Il se contente de demander au futur gouvernement d'Égypte de maintenir les prix subventionnés, de contrôler l'inflation et de fournir des emplois. Les manifestants risquent à nouveau de trouver le message largement "insuffisant".

À mesure que le bilan des manifestations gonfle - au moins 125 morts ce dimanche soir et des milliers de blessés-, la communauté internationale le pousse davantage à préparer sa succession. Dans un ton diplomatique inédit, les Américains appellent désormais à "une transition en bon ordre".
_ L'opposition aussi s'organise. Mohamed ElBaradeï, qui est allé au devant des manifestants aujourd'hui au Caire, s'est dit mandaté par la Coalition nationale pour le changement (qui fédère plusieurs formations d'opposition dont les Frères musulmans) pour "négocier avec le pouvoir".

Économie paralysée, étrangers évacués

Pour le reste, la paralysie gagne le pays. De nombreux
distributeurs de billets sont vides, les banques et la Bourse restent fermées.
Des comités de citoyens armés de fusils ou de gourdins continuent de surveiller leurs quartiers, dans la crainte de pillards.
L'aéroport du Caire est pris d'assaut par des touristes, expatriés ou Egyptiens paniqués, tentant à tout prix de quitter le pays. De nombreux pays évacuent leurs ressortissants. L'ambassade des États-Unis a annoncé les premiers départs pour ce lundi.
_ Enfin, la chaîne satellitaire al-Jazira, qui couvre les manifestations en direct et en continu depuis le premier jour, a été interdite ce dimanche en Égypte.
Une "violation du droit à l'information", a dénoncé Human Rights Watch.

Cécile Quéguiner, avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.