Moubarak, Ben Ali, le clan Kadhafi : après les révolutions, les procès
La peine de mort a été requise contre l’ancien chef d’Etat égyptien Hosni Moubarak. En Libye et en Tunisie, la machine judiciaire a plus de mal à se lancer.
Vengeance populaire ou exercice démocratique ? Le procès des dictateurs déchus et de leurs fidèles constitue un défi majeur pour les révolutionnaires arabes.
En Egypte, la peine de mort a été requise jeudi 5 janvier contre l’ancien président, Hosni Moubarak. En Tunisie et en Libye, la tenue des procès est plus problématique. Mais partout, il s’agit de tourner la page et de poser les bases d’un nouveau régime.
FTVi fait le point sur les actions judiciaires en cours.
• Egypte : la peine capitale requise contre Moubarak
Le parquet a demandé jeudi la peine capitale par pendaison pour l'ancien président Hosni Moubarak, accusé d'être impliqué dans le meurtre prémédité de manifestants lors de la révolte qui a conduit à sa démission, le 11 février 2011. "La question n'est pas seulement de savoir s'il a donné ou non des instructions de tuer les manifestants, mais au-delà de ça, de savoir pourquoi il n'est pas intervenu pour arrêter la violence contre ces manifestants", a déclaré l’un des procureurs, Moustafa Souleimane.
Le procès Moubarak a débuté le 3 août au Caire, mais a été ralenti durant l’automne en raison des problèmes de santé de l’ex-raïs et de soupçons de partialité du président de la cour, finalement maintenu.
Âgé de 83 ans, Hosni Moubarak est jugé en même temps que l’ancien ministre de l’Intérieur Habib el-Adli et six hauts responsables des services de sécurité, contre lesquels la peine de mort est également requise. Le procureur a par ailleurs demandé la "peine maximale" pour les deux fils de Moubarak, Alaa et Gamal, jugés pour corruption, une inculpation passible de 15 ans de prison. Le procès a été ajourné aux 9 et 10 janvier.
En juillet, un ancien ministre en fuite a été condamné à cinq ans de prison pour corruption, tandis que trois autres étaient acquittés et qu’une cinquantaine de policiers du régime était libérés sous caution, suscitant l’agacement de l’opinion publique égyptienne, rapporte RFI.
• Libye : Kadhafi mort, son fils jugé par la CPI ?
Les forces rebelles libyennes n’ont pas laissé le temps à Mouammar Kadhafi d’être jugé : l’ancien dictateur a été tué le 20 octobre 2011 dans la région de Syrte. Les fidèles qui lui ont survécu se retrouvent donc en première ligne des poursuites judiciaires.
Arrêté le 19 novembre, son fils Seif Al-Islam fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité, comme le rappelle Le Nouvel Observateur. Le procureur Luis Moreno-Ocampo propose d'ailleurs qu’il soit jugé en LibyeI. Un compromis soumis au Conseil national de transition, qui assure de son côté que "l’Etat libyen a la volonté et est capable" de juger Seif Al-Islam Kadhafi.
Autre dossier, celui de l’ancien Premier ministre Al Baghdadi Ali, qui a fui de Libye en Tunisie après l’effondrement du régime de Kadhafi. La Tunisie a autorisé en novembre son extradition vers la Libye, où il est accusé d’abus de pouvoir, note Reuters. Toutefois, le président tunisien Moncef Marzouki a déclaré le 2 janvier que son pays voulait être sûr "à 1 000 % qu’il y aura un procès équitable et une justice indépendante".
Le nouveau régime libyen tarde à mettre en place une justice de transition, rapporte L’Express. Dans l’attente d’un procès, des centaines de prisonniers accusés d’avoir soutenu le régime de Kadhafi sont détenus arbitrairement et parfois victimes de mauvais traitements.
• Tunisie : Ben Ali en fuite, mais condamné
Exilé en Arabie saoudite et sous le coup d’un mandat d’arrêt international, l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali a quitté le pouvoir et son pays le 14 janvier 2011. Près d’un an plus tard, le président du tribunal militaire de Tunis a indiqué mardi 3 janvier que Riyad avait ignoré ses demandes d’extradition de l'ancien président.
A défaut, Ben Ali et une quarantaine de ses hauts responsables sont mis en cause dans un procès en cours en Tunisie, où ils risquent la peine capitale pour la mort de 43 manifestants durant le soulèvement déclenché en décembre 2010.
Ben Ali a déjà fait l’objet de plusieurs condamnations par contumace : 35 ans de prison pour malversations et détournement de fonds, 15 ans et demi pour détention de stupéfiants, d’armes et d’objets archéologiques, et enfin 5 ans pour des faits de torture commis en 1991, indique Le Point.
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