Vidéo Une revenante de Daech raconte l'enfer de Raqqa

Rares sont les repenties de Daech, et plus rares encore celles qui acceptent de briser le silence, malgré les menaces. Marie, 30 ans, est revenue de Syrie − de ses illusions aussi. Pour "Envoyé spécial", elle raconte l'enfer de Raqqa. Extrait d'une enquête sur les "sœurs" de l'Etat islamique, diffusée le 2 février 2017.

La mission humanitaire version Daech, Marie y a cru. Au point d'embarquer son fils de 5 ans avec elle, en cachette de son mari. A la maternité où elle est venue "pour aider", première désillusion : le comportement des autres Européennes. "Elles avaient de l’argent, des euros ou des dollars, donc elles avaient aussi ce pouvoir-là sur [les] femmes syriennes. Elles se comportaient… comme des personnes qui venaient coloniser, qui venaient apprendre à l’occupé ce que c'est que d’être un bon musulman. Elles percevaient les Syriennes comme des sous-femmes, des personnes à rééduquer."

Prisonnière dans la "madâfa"

Marie se rebelle. Elle est enfermée avec son fils dans une "madâfa". Mi-couvent, mi-prison, c'est une grande maison réservée aux femmes seules (veuves, répudiées ou punies) et aux enfants. Des enfants rendus violents, raconte-t-elle, par les scènes de combat ou de décapitation que Daech leur passe en boucle. Dans ces films de propagande, "on voyait des têtes coupées, des gens enfermés dans des cages en train de brûler. Des femmes applaudissaient, éprouvaient beaucoup de plaisir à voir ces images-là", se remémore la jeune femme, encore incrédule.

Extrait de "Les sœurs, les femmes cachées du jihad", une enquête du magazine "Envoyé spécial" en coproduction avec SlugNews, TV Presse et France 24, diffusée le 2 février 2017.