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Lafarge n'est plus poursuivi pour "complicité de crimes contre l'humanité", mais reste mis en examen pour "financement du terrorisme"

L'ONG anticorruption Sherpa annonce sur franceinfo qu'elle va se pourvoir en cassation pour réclamer le maintien de cette mise en examen pour "complicité de crimes contre l'humanité".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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La filiale syrienne de Lafarge, à Jalabiya, le 19 février 2018. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

La cour d'appel de Paris a annulé les poursuites pour "complicité de crimes contre l'humanité" contre le groupe Lafarge, a appris franceinfo de source judiciaire jeudi 7 novembre. Pour maintenir coûte que coûte en activité son usine dans le nord de la Syrie, Lafarge est soupçonné d’avoir financé jusqu'en 2014 plusieurs organisations terroristes en Syrie, dont Daech.

La décision de la cour d'appel est totalement justifiée pour l'un des avocats du groupe, Christophe Ingrain, interrogé sur franceinfo : la cour d'appel "a corrigé la décision des juges de première instance, considérant qu'elle était infondée. Maintenant il est clair que ni de près ni de loin Lafarge SA n'a pris part au crime qui lui était reproché dans le dossier".

Il n'y a pas d'éléments qui justifiaient la mise en examen de Lafarge SA pour ce crime. La chambre de l'instruction a fait le même constat que nous.

Christophe Ingrain, avocat du groupe Lafarge

à franceinfo

Le cimentier français reste en revanche poursuivi pour "violation de l'embargo", "mise en danger de la vie de ces salariés" et "financement du terrorisme", précise la source judiciaire. Huit cadres et dirigeants du groupe sont poursuivis dans ce dossier dont l'ex-PDG du groupe, Bruno Lafont. Selon l'avocat Christophe Ingrain, "la décision [de la cour d'appel] nous donne encore plus de motivation pour convaincre les magistrats d'abandonner les autres chefs de mise en examen".

L'ONG Sherpa va se pourvoir en cassation

Sur franceinfo, Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux au sein de l'ONG anticorruption Sherpa annonce que celle-ci va se pourvoir en cassation pour réclamer le maintien de la mise en examen du groupe pour "complicité de crimes contre l'humanité".

>> Quatre questions pour comprendre les rebondissements de l'affaire Lafarge en Syrie 

Le cimentier est non seulement poursuivi pour sa violation de l’embargo imposé par l'Union européenne en 2011 à l'encontre de la Syrie, mais aussi pour avoir sciemment mis en danger une partie des salariés locaux de son usine de Jallabiya dans le nord de la Syrie alors que des organisations islamistes armées menaçaient le site.

Le cimentier Lafarge est aussi soupçonné d'avoir versé via sa filiale syrienne des sommes très importantes (plus de 13 millions d'euros) à ces mêmes groupes armés dont l'Etat islamique et le Front al-Nusra, un groupe affilié à Al-Qaeda. Ces versements réguliers en vigueur depuis 2012 étaient censés assurer la protection de l'usine et de son activité pendant la guerre en Syrie. 

Les juges enquêtent également sur la possibilité que Lafarge ait vendu plusieurs dizaines de millers de tonnes de ciment à Daech. Le groupe est mis en cause pour financement d'une entreprise terroriste.

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