"Daech peut encore transférer des fonds" : à Paris, experts et ministres se réunissent sur le financement du terrorisme
Près de 500 experts et 80 ministres de 72 pays, dont la majorité est issue des pays arabes, planchent, mercredi et jeudi, à Paris sur le financement du terrorisme international.
Moins d’actions d’ampleur, moins d’attentats de masse et des reculs militaires significatifs. En apparence, le terrorisme porté par des organisations islamistes comme le groupe État islamique ou Al-Qaïda donnent des signes d’essoufflement. C’est évidemment tout le contraire soulignent les experts qui se réunissent, mercredi 25 et jeudi 26 avril, à Paris.
La conférence "No money for terror" (pas d’argent pour la terreur) est à l’initiative de la France. Près de 500 experts et 80 ministres de 72 pays, dont la majorité est issue des pays arabes, y participent. Elle doit se conclure par un discours d’Emmanuel Macron et un texte commun.
Des sommes importantes
Ces organisations ont amassé des sommes importantes. "Le trésor de guerre de Daech s’est transformé en secteur bancaire traditionnel, avec des bureaux de change, des transferts de fond. Tout cela au vu et au su de l’ONU", explique, mercredi sur franceinfo, Jean-Charles Brisard, enseignant à Sciences Po Strasbourg et président du centre d’analyse du terrorisme.
Ce trésor de guerre est estimé à un milliard d’euros pour le groupe État islamique. L’organisation terroriste a eu le temps de faire circuler, investir et blanchir de l'argent dans des secteurs comme le petit commerce ou l’immobilier. Les sommes sont tout aussi impressionnantes pour Al-Qaïda et ses groupes affiliés. Les enlèvements contre rançon, par exemple ont généré plus de 150 millions de dollars en 10 ans.
Quand un attentat de masse coûte, selon plusieurs études, moins de 10 000 euros, des centaines de millions d’euros circulent eux anonymement vers les caisses des organisations islamistes pour assurer leur organisation et leur propagande. Cela passe par des tuyaux nouveaux et plus difficiles à détecter : levées de fonds sur internet, cartes pré-payées ou encore monnaies virtuelles.
Daech peut encore transférer des fonds partout dans le monde. Il faut réunir les acteurs et les états voisins pour mettre en place des systèmes de traçabilité et de régulation des bureaux de change.
Jean-Charles Brisardà franceinfo
"Ça passe aussi par le renseignement financier, ajoute Jean-Charles Brisard. Plusieurs projets dans ce sens ont été bloqués par l’ONU par manque de volonté et d‘accords politiques."
La conférence de Paris est censée accoucher d’un texte commun pour lever l’anonymat des transactions financières et mieux faire coopérer des États qui, diplomatiquement, ne sont pas forcément amis.
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