Irak : Amnesty International s'inquiète de la situation des enfants victimes de la bataille de Mossoul
Exposés aux combats qui font rage à Mossoul, beaucoup d'enfants présentent des séquelles psychologiques. C'est ce qu'a constaté sur place Donatella Rovera, d'Amnesty International.
Amnesty International s'inquiète de la situation des enfants victimes de la bataille de Mossoul, en Irak. Depuis le début de l'offensive, le 17 octobre, l'armée irakienne et la coalition internationale n'ont repris qu'un tiers de la ville au groupe État islamique. Seuls 100 000 civils, sur le million et demi d'habitants de la ville, ont fui. Donatella Rovera, principale conseillère d'Amnesty International pour les situations de crise, est rentrée récemment de la région de Mossoul. Les enfants y sont "extrêmement traumatisés", a-t-elle expliqué jeudi 22 décembre à franceinfo.
franceinfo : Comment les enfants vivent-ils cette situation ?
Donatella Rovera : Ces enfants ont parfois vu leurs parents et leurs voisins être décapités ou tués par des explosions. Ils ont vécu enfermés pendant des semaine, avec des mortiers qui tombaient tout autour de leur maison. Aujourd'hui, ils sont extrêmement traumatisés. Un enfant de quatre ans a vu ses deux sœurs tuées devant ses yeux. Maintenant, il se cogne la tête par terre. Il se frappe le visage.
J'ai dialogué avec d'autres familles, qui me parlent de problèmes divers. Il y a des enfants violents, d'autres qui pleurent tout le temps, d'autres encore qui ne mangent pas. L'aide dont ces enfants ont besoin de toute urgence n'est pas encore arrivée.
Comment vivent les civils à Mossoul ?
Les civils sont pris au piège au milieu des combats, coincés dans la ville. Dans plusieurs des cas sur lesquels j'ai enquêté, les enfants avaient été tués, soit par des roquettes et des mortiers, soit par des voitures piégées. Les corps n'avaient même pas pu être évacués et se trouvaient toujours sous les décombres. Leurs maisons étaient devenues leurs tombes.
Ils n'avaient plus d'eau, ni d'électricité. Certains ont dû utiliser de vieux puits, qui existaient déjà dans les maisons où ils étaient. D'autres ont creusé dans la cour de ces maisons pour essayer de trouver de l'eau. Ils n'avaient pas de médicaments. Le peu de nourriture à leur disposition datait d'avant les combats. Cela risque de devenir absolument catastrophique, si les choses continuent ainsi.
Qui souhaitez-vous interpeller ?
L'armée irakienne et la coalition internationale. S'il y a les ressources pour faire la guerre, il faut impérativement qu'il y ait les ressources aussi pour les conséquences de cette guerre. Il faut donner des possibilités à la population civile de quitter les lieux. Pour l'instant, l'armée ordonne aux civils de rester enfermés chez eux. Ces gens sont condamnés à mourir dans leurs maisons. C'est inacceptable.
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