Témoignages "Ici, plus personne ne pense au futur" : les confidences d'habitants de Beyrouth, qui craignent un embrasement général du Proche-Orient
La tristement célèbre "escalade" de la guerre semble se poursuivre. Mardi 1er octobre, l'armée israélienne fait état de "violents combats" dans le sud du Liban, après une nuit marquée par des opérations terrestres " limitées" contre le Hezbollah de l'autre côté. L'armée israélienne a ainsi annoncé, malgré les avertissements de la communauté internationale, que des troupes au sol avaient traversé la frontière pour mener des raids "limités, localisés et ciblés" contre des "cibles et des infrastructures terroristes" du Hezbollah, dans des villages libanais.
Après le coup dévastateur infligé au groupe armé chiite avec l'assassinat de son chef Hassan Nasrallah vendredi dans une frappe israélienne près de Beyrouth, les dirigeants israéliens avaient averti que la guerre n'était pas finie contre le mouvement pro-iranien, ennemi d'Israël. L'armée israélienne a précisé dans un communiqué "ces cibles sont situées dans des villages près de la frontière et constituent une menace immédiate pour les communautés israéliennes du nord d'Israël", a-t-elle assuré, sans préciser le nombre de soldats impliqués dans cette incursion.
"Pauvre Liban..."
Plus loin à Beyrouth, dont la banlieue sud est secouée par des bombardements israéliens, le réveil est douloureux. Avec une crainte : que la guerre totale n'éclate, encore une fois. Dans la soirée de lundi à mardi, plusieurs frappes ont, une nouvelle fois, visé les quartiers sud de la capitale libanaise, le fief du Hezbollah. Selon des sources sécuritaires libanaises, il y a eu au moins six frappes israéliennes durant la nuit.
Dans le quartier chrétien d'Achrafieh, à l'est de Beyrouth, les dernières nouvelles font craindre le pire. Ilyi, un habitant, se dit atterré par la situation dans laquelle se trouve son pays : "Pauvre Liban... C'est tellement triste. Nos responsables sont des incompétents, c'est à cause d'eux qu'on en est là", lâche-t-il, amer. Il vise directement le "Parti de Dieu" qui, depuis sa création en 1982, n’a cessé selon lui de mettre la sécurité du pays en danger : "Notre pays était déjà en ruine. Et à cause d'eux, ce sera encore pire".
Un "pays en ruines", c'est aussi ce que dénonce Adam*, 35 ans, soldat dans l’armée libanaise. C'est autour d'un café, attablé avec des amis à la terrasse d'un café de Beyrouth, que nous l'avons rencontré. Si l'armée libanaise n'est, pour l'instant, pas impliquée dans le conflit, ce militaire nous confie ne plus nourrir d'espoir pour son pays : "La guerre, ce n'est bon pour personne. Vous savez, quand un pays en envahit un autre pour tout lui prendre, il n'y a rien de bon là-dedans. Plus personne ne pense au futur, tout le monde vit au jour le jour."
"Il n'y a rien à faire, pas de travail, aucun revenu... On est déjà mort. Alors, personne n'a peur puisqu'on est déjà mort de toute façon au Liban. La guerre rend juste les choses plus difficiles. Et oui, nous sommes prêts à nous battre".
Adam, un soldat libanaisà franceinfo
Rien que pour la journée de lundi 30 septembre, le pays compte 95 morts. Ces quinze derniers jours, les frappes effectuées par Israël à travers le Liban ont tué plus d'un millier de civils et contraint plus d'un million de Libanais à fuir leurs habitations.
*Le prénom a été modifié
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