: Reportage "Je suis né avec le bruit des frappes" : la population libanaise prise au piège d'une potentielle escalade entre le Hezbollah et Israël
Au Liban, la tension monte après que le Hezbollah a promis une riposte "sévère" contre Israël. La milice chiite pourrait se joindre à l’Iran après le double assassinat de Fouad Chokor, un haut dignitaire du Hezbollah à Beyrouth, et celui d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran. Après déjà dix mois de guerre et la mort de plus de 100 civils au sud Liban, la population redoute l’escalade.
Lundi midi, un bruit d’explosion fait vibrer la capitale. L’aviation israélienne vient de passer le mur du son au-dessus des immeubles. Dans le nord de la ville, Mona a mis du temps à reprendre ses esprits : "J’ai eu très peur, j’ai pleuré et crié… Je me suis calmée quand j’ai su que ce n’était pas une frappe."
"Qui s'occupera du pays ?"
Son compagnon Ahmad est à ses côtés. Ils évoquent ensemble ce qu’ils pourraient bien faire si la guerre éclate. "Moi je vais fuir, vers le Qatar ou Dubai même si c'est parfois compliqué d'obtenir un visa", explique Mona. "Moi je n’ai pas peur, dit son compagnon. Je suis né avec le bruit des frappes. Je les entendais petit et je me suis adapté ! Si moi je pars, et toi tu pars, et tout le monde part… Qui s’occupera du pays ?"
"Plein de gens voudront partir, je ne suis pas la seule."
Mona, une habitante de Beyrouthà franceinfo
À quelques rues d’ici, Ibtissem a déjà dû prendre une décision. Le petit appartement meublé seulement d’une télévision et d’un canapé, n’est pas sa maison. Il y a encore quelques jours, la sexagénaire habitait au sud du pays, près de la frontière. Elle a préféré venir à Beyrouth par précaution : "Beaucoup de gens s’inquiètent. On regarde les informations, on nous parle d’une escalade mais on ne sait pas ce qu’il se passera après."
Dans le salon, la télévision libanaise retransmet les morts et les destructions des dernières 24h dans la bande de Gaza : "Israël frappe souvent à l’aveugle. Ils considèrent les civils comme des dommages collatéraux. Quand ils ont tué Fouad Chokor dans la banlieue sud, ils ont eu leur cible, mais au prix de cinq autres civils." C’est la sixième fois de sa vie qu’Ibtissem doit être déplacée de son village. La dernière fois, lors de la dernière guerre de 2006, elle se souvient que le conflit avait laissé plus de 1 000 morts civils, coté libanais.
À Beyrouth, la guerre a l’air chaque jour plus palpable. Pour les civils en première ligne du conflit, l’attente est interminable.
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