Reportage Dans le sud du Liban, les médecins soignent aussi les dégâts psychologiques dus à la guerre

Grâce à une association libanaise, les habitants les plus pauvres de Khiam, à la frontière israélienne, peuvent compter sur le dernier cabinet médical du village.
Article rédigé par Noé Pignède
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le village de Khiam, sous les tirs israéliens, 7 janvier 2024. (TAHER ABU HAMDAN / XINHUA)

Dans le sud du Liban, les affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah continuent. Les bombardements quasi quotidiens depuis quatre mois ont déjà fait plus de 200 morts, dont une vingtaine de civils. 75 000 personnes ont fui la zone pour se réfugier dans d’autres régions du Liban. Dans le village de Khiam, à la frontière israélienne, les habitants vivent coupés du monde et peinent à se soigner. 

Dans le dernier cabinet médical qui fonctionne encore malgré la guerre, la docteure Ahlam Assaad enchaîne les consultations. Mohamed, 45 ans, s’assoit et relève son t-shirt. "Ça fait quatre jours, dit-il, que j’ai mal aux poumons".

Cette consultation est entièrement prise en charge par l’association libanaise Amel, qui gère ce cabinet médical à cinq km de la frontière israélienne. "Depuis quatre mois, je suis la seule médecin, ici à Khiam, explique Ahlam Assaad. Beaucoup de gens ont la grippe en ce moment. Dernièrement, on en a aussi qui ont des troubles psychologiques liés à la guerre."

"Tout le monde souffre de dépression... et nous aussi !"

Dr Ahlam Assaad

à franceinfo

Les affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne ont fait fuir la plupart des habitants de Khiam. Sur les 2 000 familles du village, il n’en reste plus qu’une centaine. Mohamed n’a pas pu partir. Depuis quatre mois, il vit au rythme des bombardements : "On a peur de sortir de chez nous à cause de la situation. C’est très dur psychologiquement pour moi et ma famille. On est très pauvres. Notre quotidien est de plus en plus difficile... Heureusement, il y a cette association."

"Bien sûr que j'ai peur, mais les patients comptent sur nous"

Emmitouflée dans sa doudoune, un bonnet vissé sur la tête, la directrice Mayssam Haydar tient à garder son centre ouvert, malgré les frappes israéliennes qui visent quotidiennement sa région : "Il y a trois jours, une bombe est tombée juste à côté d’ici. Les patients ont commencé à paniquer. J’ai dû calmer tout le monde, leur dire qu’ils n’allaient pas mourir. On a attendu la fin des bombardements pour partir. Bien sûr que j’ai peur, mais les patients comptent sur nous. Certains ont des maladies chroniques et ne peuvent pas vivre sans leurs médicaments."

Dans cette région du sud du Liban, l’État n’a rien organisé pour mettre à l’abri ceux qui n’ont pas pu partir. Les habitants vivent depuis quatre mois sous la menace des tirs de l’armée israélienne.

Le reportage de Noé Pignède à Khiam, dans le sud du Liban

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