Guerre Israël-Hamas : "S'il n'y a pas le choix, alors il faudra faire la guerre", regrettent les habitants d'un kibboutz à la frontière avec le Liban
Tous les jours, il y a des échanges de tirs entre l'État hébreu et le Hezbollah libanais. Des combats d'intensité moyenne avec des envois de roquettes, de missiles antichars et d'artillerie. Au moins 135 miliciens sont morts du côté du Hezbollah, neuf civils et six soldats du côté israélien. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées dans une zone vidée de la majorité de ses habitants. Israël veut leur permettre de rentrer chez eux et, s'il le faut, déclarer la guerre à la milice chiite.
À moins de 3 kilomètres du Liban, dans le kibboutz Sassa, le haut de l'auditorium qui jouxte le lycée a été touché le 17 décembre : "Juste là, vous pouvez voir, c'est un missile antichar de type Kornet qui a été lancé. Il est arrivé à cet endroit et tout cet espace a été touché". Selon le major David Barouch, le missile est arrivé trop vite. Il a été envoyé de trop près pour pouvoir être intercepté par la défense antiaérienne israélienne.
Repousser les forces armées du Hezbollah
"Tous les jours depuis trois mois, il y a eu des attaques, raconte le major. Le Hezbollah nous attaque, on ne peut pas l'accepter. Le Hezbollah est un membre du gouvernement libanais. Nous ne voulons pas détruire quoi que ce soit. Ce qui nous intéresse, c'est de déplacer la menace loin de notre frontière". Autrement dit, appliquer la résolution 17-01 du Conseil de sécurité de l'ONU : repousser les forces armées du Hezbollah au-delà du fleuve Litani, à un peu plus d'une trentaine de kilomètres de la frontière, et donc permettre aux 65 000 à 80 000 déplacés israéliens de rentrer chez eux.
"Tout ce qu'il y a à l'horizon, c'est le Liban", précise Samuel. Avec Yaëlle, sa femme, ils habitent ce kibboutz, qui est très exactement à 2,4 kilomètres de la frontière. Ici, depuis près de 50 ans, ils ont connu deux guerres israélo-libanaises, mais pour la première fois, ils ont été contraints de partir.
"Après le 7 octobre, on a tous eu vraiment très peur"
"C'est un peu dangereux", confie-t-elle, s'arrêtant de parler en entendant une explosion au loin. "Ça, ce sont des tirs de chez nous", précise Samuel. Elle reprend alors : "L'ordre de l'armée a été quand même d'évacuer le kibboutz. Ce n'est pas quelque chose qui nous fait déménager en général. On reste. Cette fois-ci, après le 7 octobre, on a tous eu vraiment très peur, subitement, de voir arriver un déferlement de gens du Hezbollah et qu'on se fasse trucider…"
"Je ne suis pas pour une guerre. C'est terrible ce qu'il se passe en ce moment, mais s'il n'y a pas le choix… À mon avis, c'est ce qu'il faudra faire, les pousser à monter au nord", regrette Samuel. Sassa est l'un des 300 derniers kibboutz socialistes, pacifistes et communautaires d'Israël.
"On est des gens de gauche. Les déceptions sont encore plus grandes", glisse Yaëlle. Mais depuis le 7 octobre, Yaëlle, Samuel et la majorité des habitants du village soutiennent l'effort de guerre et veulent définitivement se débarrasser de la menace du Hezbollah.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.