"Quand un conflit se termine, un autre démarre" : au Liban, la population entre résilience et craintes d'une crise durable
À Beyrouth, dans la nuit de dimanche à lundi, pour la première fois, un quartier du centre-ville a été touché par une frappe. L'attaque a fait au moins quatre morts selon une source de sécurité libanaise.
Franceinfo a rencontré un habitant de la ville, qui était sur place.
Cherbin est chauffeur de taxi, il était dans le quartier Cola, au cœur de Beyrouth, un peu avant minuit. C'est un lieu populaire, animé, qui relie l’aéroport au reste de la capitale. Cherbin vit dans le quartier chrétien d’Ashrafieh, mais il venait tout juste de déposer deux clients quand la frappe a eu lieu. Et ça ne l’a pas vraiment surpris.
"Nous nous attendons à tout. Peu importe si vous êtes dans une église, sur la route, ou au milieu de la mer. Ils vous auront."
Cherbin, chauffeur de taxi à Beyrouthà franceinfo
"À Beyrouth, le danger est partout. Par exemple, s’ils sont à la recherche d’un leader du Hezbollah et qu’il est dans sa voiture à côté de vous, ils le viseront quand même. Peu importe si vous êtes juste à côté", explique-t-il.
Né en 1967, l’année de la Guerre des Six jours, Cherbin dit en avoir vu d’autres. 1982, 2006, la guerre, le chaos, dit-il, tout cela fait ici partie du quotidien. "Je suis né sous la guerre. Vous savez, une fois qu’un conflit se termine, un autre démarre seulement quelques années plus tard. Alors je suis habitué. Pour moi, c’est presque normal", raconte Cherbin. Ici, une question hante désormais la population : combien de temps cette situation va durer ?
Une nouvelle crise à traverser ensemble
"Impossible de prédire ce qui va se passer, chaque jour est différent du précédent. La guerre va-t-elle durer ? Personne ne le sait. Elle peut durer des mois, des années, ou cela pourrait se résoudre en quelques semaines… Mais je doute vraiment que cela finisse bientôt."
Alors que débutent aujourd’hui trois jours de deuil national au Liban et que la question du successeur d’Hassan Nasrallah est posée, Cherbin se veut pragmatique. Pour lui, peu importent les responsabilités, car qu’on le veuille ou non le Hezbollah fait partie de la société libanaise. Et cette société doit plus que jamais faire preuve de solidarité, dit-il. "C’est tous ensemble, affirme-t-il, que nous traverserons cette nouvelle crise."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.