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Liban : des dizaines de blessés dans des heurts entre policiers et militants chiites à Beyrouth

Le pays connaît un soulèvement populaire depuis le 17 octobre. Lundi soir, des dizaines de militants du Hezbollah et d'Amal, les deux partis chiites du pays, ont attaqué des camps de manifestants antigouvernementaux dans le centre la capitale, puis s'en sont pris aux forces de sécurité.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des partisans des mouvements chiites Hezbollah et Amal affrontent les forces de l'ordre dans le centre de Beyrouth (Liban), le 17 décembre 2019.   (ANWAR AMRO / AFP)

La situation est de plus en plus tendue au Liban. Des dizaines de personnes ont été blessées, dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 décembre, à Beyrouth, dans des affrontements entre des forces de sécurité et des partisans du Hezbollah et d'Amal, les deux partis chiites du pays. Au moins 23 personnes ont été hospitalisées, selon la défense civile, qui n'a pas précisé s'il s'agissait de membres de forces de sécurité ou de militants chiites. Quarante-trois autres personnes ont été soignées sur place, d'après la même source.

Cette montée des tensions complique davantage la crise politique et financière du pays, qui vit depuis deux mois au rythme d'un soulèvement populaire inédit contre la classe dirigeante, accusée de corruption et d'incompétence. Le mouvement en cours, qui a dépassé ces clivages communautaires, a entraîné la démission le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri. Si, globalement, ce mouvement déclenché le 17 octobre s'est déroulé sans incidents majeurs, la tension est montée d'un cran le week-end dernier, qui a été marqué par des affrontements nocturnes entre manifestants et forces de l'ordre.

Des manifestants antigouvernementaux attaqués

Lundi soir, des dizaines de jeunes militants du Hezbollah et d'Amal ont tout d'abord attaqué vers minuit des camps de manifestants antigouvernementaux dans le centre la capitale, déserts à cette heure de la nuit, selon un photographe de l'AFP. Ces jeunes en colère s'en sont aussi pris aux forces de sécurité en leur jetant des pierres, des engins explosifs ou en incendiant des voitures. La police a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogène.

Ces heurts semblent avoir été provoqués par la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo non datée dont le contenu a été jugé "offensant et humiliant" par des membres de la communauté chiite. Dans cette vidéo, un homme présumé originaire de la ville majoritairement sunnite de Tripoli (nord) et résidant à l'étranger s'en prend à des symboles sacrés du chiisme, l'une des principales branches de l'islam.

Des heurts orchestrés par le pouvoir ?

Ce n'est pas la première fois que les partisans du Hezbollah et d'Amal, dont les chefs sont conspués par les manifestants au même titre que les autres chefs communautaires dans ce pays multiconfessionnel, attaquent les manifestants ou leurs tentes dressées sur les places principales de plusieurs villes.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah – puissant parti soutenu par l'Iran – , a maintes fois balayé l'idée d'un gouvernement exclusivement formé de technocrates, comme le réclame la rue, en disant craindre une manipulation étrangère de la contestation.

Face au risque de glissement vers un terrain de confrontation sunnite-chiite, plusieurs activistes ont mis en garde lundi soir sur les réseaux sociaux contre la "discorde" communautaire. Interrogé par l'AFP, le politologue Imad Salamey juge à ce titre possible une orchestration des heurts de lundi soir par le pouvoir. "L'incitation à la haine confessionnelle est l'un des outils souvent utilisés (...) pour diviser les Libanais et affaiblir le mouvement dans la rue", dit-il. Mais cette "vieille méthode (...) ne réussira pas cette fois", avance ce professeur à la Lebanese American University, en arguant du niveau de maturité politique désormais plus élevé parmi les Libanais.

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