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Vidéo Ces jeunes qui préfèrent quitter le Liban

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Joelle et Marita ont 22 et 25 ans. Elles vivent à Beyrouth avec leurs parents. Comme de nombreux autres jeunes Libanais, elles se préparent à quitter leur pays dans quelques mois.
VIDEO. Ces jeunes qui préfèrent quitter le Liban Joelle et Marita ont 22 et 25 ans. Elles vivent à Beyrouth avec leurs parents. Comme de nombreux autres jeunes Libanais, elles se préparent à quitter leur pays dans quelques mois. (BRUT)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Joelle et Marita ont 22 et 25 ans. Elles vivent à Beyrouth avec leurs parents. Comme de nombreux autres jeunes Libanais, elles se préparent à quitter leur pays dans quelques mois.

Joelle, 22 ans,  est en colère. "Je me dis que c'est pas juste. Que je ne voulais pas ça à la base et qu'on m'a obligée." Avec sa sœur de 25 ans Marita, elle s'apprête à quitter son pays, le Liban. Les explosions de Beyrouth du 4 août lui ont fait comprendre qu'il était plus que jamais nécessaire de partir.

"Je ne veux pas que tu vives comme moi"

Le père des deux jeunes filles comprend leur choix et l'approuve. Mais il ne peut s'empêcher de ressentir une grande tristesse. "Je ne veux pas que tu vives comme moi, que tu sois toujours à avoir peur du lendemain, confie-t-il à Joelle. Mais on n'est pas contents de vous voir quitter le pays. Après, je ne peux pas être un type égoïste. C'est votre vie, c'est à vous de choisir."

Joelle et Marita vivent à Beyrouth avec leurs parents. Mais dans quelques mois, elles s'en iront. "C'est très triste à dire mais c'est une chance que j'ai, assure Marita. Il n'y a pas de futur ici. Je me suis convaincue que c'est un truc que je suis obligée de faire. Et ça depuis plusieurs années, depuis que j'ai commencé l'université. Donc quitter le Liban, c'est pas vraiment un processus soudain."

"Si je veux faire quelque chose de ma vie, je ne peux pas rester là"

Dans le pays, le taux de chômage chez les jeunes diplômés est de 35 %. Par ailleurs, 45 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon le ministère des Affaires sociales. "Les gens ici sont éduqués. Mais il y a un problème: il n'y a pas de travail. Élever vos enfants et les regarder quitter le pays… Après, on va devenir vieux. Le pays va devenir vieux. Il ne va pas y avoir de jeunes gens, il va y avoir des vieux. Vous pensez qu'ils vont revenir ? J'en doute fort", désespère le père des jeunes filles.

Joelle poursuit : "Si le pays reste comme ça, avec un manque d'infrastructures, un manque d'éducation, un manque de respect pour nous… Je ne pense pas que je vais rentrer. Je veux aller quelque part pour ne pas me faire bombarder à n'importe quel moment. Si je veux être une bonne psychologue et faire quelque chose de ma vie, je ne peux pas rester là."

"Imaginez-vous un SMIC de 100 dollars"

Sa mère lui donne raison, même si cette décision la chagrine. "Elle n'a pas le choix. Pour son propre futur, c'est le mieux de partir. On ne peut rien faire. On ne peut pas dire à notre fille : "Ok, ça va, reste au Liban." Non. Je n'arrive pas à dormir en pensant à ça. Je n'arrive pas à dormir. Je suis très, très, très triste, maintenant. Très."

Et son mari de conclure, lucide : "Les gens responsables sont idiots. Ils ne savent pas ce qu'on a comme capacités. Vraiment, on a des têtes. Vraiment, on a des gens qui peuvent faire l'avenir, qui peuvent changer le monde. Mais ici, ils ne changent pas. Imaginez-vous un SMIC de 100 dollars, même pas. C'est ça le problème chez nous. C'est pour ça, vraiment, c'est triste, c'est choquant d'élever ses enfants et de les voir partir."

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