"J'en suis toujours malade" : la sidération des Libanais encore présente près d’une semaine après l'explosion
Alors que la communauté internationale a débloqué plus de 250 millions pour aider le Liban, à Beyrouth le nettoyage se poursuit. Dans certains quartiers populaires un peu à l’écart du centre, l’heure est toujours au traumatisme lié à l’explosion.
À Khan Dak al Ghamik, quartier populaire à majorité musulmane de Beyrouth, une semaine après la double explosion, c’est comme si on pouvait encore entendre le son de la détonation qui a soufflé dans la capitale libanaise.
"Une catastrophe", dit Mahmoud, ancien militaire, qui sait de quoi il parle. Il en a connu des choses dans sa vie, mais une explosion comme celle-là, jamais. "Comme une bombe atomique" décrit-il. Les effets de cette étrange bombe sont toujours présents, ce n’est pas le vieil homme assis quelques mètres plus loin qui dira le contraire. Dans sa chaise en plastique, il semble ne plus vouloir bouger : "Je n'ai rien à faire, je n'attends rien, j'en suis toujours malade."
Une entraide générale
Maladie d’horreur, mais quartier du cœur, selon un jeune homme qui s’invite dans la conversation. "Il y a des sunnites, il y a des chiites, il y a des Arméniens, il y a des Kurdes, il y a des chrétiens, il y a de toutes les confessions ici... Entre nous, nous nous aidons", explique-t-il.
Quand ce n’est pas le cœur, c’est l’amour qui vient soigner les plaies et aider à supporter la catastrophe. "D'abord l'immeuble a bougé et les portes se sont envolées et moi j'ai couvert mon mari, je l'ai caché de mes bras. Moi j'aime beaucoup mon mari", raconte Elham. Dans sa chemise de nuit toute fragile, elle se dépense sans compter pour son époux aujourd’hui malade sous assistance respiratoire. C'est pour lui et pour l’amour qu’il lui a donné toute sa vie qu’elle continue de se battre au milieu de ses fenêtres cassées. Ils sont ensemble depuis 52 ans, c'est peut-être la plus belle histoire d'amour de Beyrouth.
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