"Ils les appellent martyrs mais ils les ont tués" : les familles des pompiers morts dans les explosions à Beyrouth réclament justice
Un mois après les explosions à Beyrouth, au Liban, la thèse de l'accident reste privilégiée. Mais la négligence des autorités attise la colère des Libanais, en particulier des familles et des collègues des dix pompiers qui ont trouvé la mort et qui n'avaient aucune idée de la présence de ce stock ultra-dangereux.
"Rami, Elie, Charbel, Sahar, Najib…". Dans la caserne de la Karantina (Liban), le Lieutenant Metri énumère les noms de ses dix camarades, morts dans la double explosion qui a ravagé Beyrouth il y a un mois, faisant 170 morts et 6 500 blessés. Leurs portraits sont partout : sur les camions, dans les bureaux ou sur d’immenses posters, installés au-dessus de l’entrée principale. "On a voulu que leur mémoire, que leurs visages restent dans nos cœurs", explique le sapeur-pompier, en brossant le portrait de ses collègues.
C’est très difficile. C’était comme nos enfants, nos frères, on passait plus de temps ensemble, ici, que dans nos familles.
Lieutenant Metrià franceinfo
"'Moi je veux y aller ! Non, c’est moi !' Ils se chamaillaient en permanence pour aller au feu, ils étaient toujours motivés", confie le gradé, avant de décrire une équipe de passionnés, de courageux. Trois étaient de la même famille, deux autres étaient copains d’enfance. Il y avait aussi Sahar, la seule femme, "le sourire de la caserne" pour le Lieutenant Metri.
"Ils sont partis sans avoir les bonnes informations"
Une caserne qui est aujourd’hui encore profondément endeuillée, et qui s’interroge aussi. Le Lieutenant Murr avait formé la plupart de ces pompiers. Il fait partie des équipes qui sont allées chercher les dépouilles dans les décombres du port. "C'est difficile pour tout le monde, après 25 ans de travail et de service, c'est la première fois que je vois une telle explosion, affirme-t-il. C'est très lourd. Ils sont partis sans avoir les bonnes informations sur ce que contenaient les entrepôts."
Les familles des pompiers décédés, elles, n’ont pas du tout la même retenue. "Ma tristesse ne s’effacera jamais", lance David, qui passe régulièrement à la caserne depuis l’explosion, pour se remémorer son frère cadet, avec ses anciens collègues.
Je suis en colère, je veux savoir qui a tué mon frère et les autres.
David, frère d'une des victimesà franceinfo
Pour Rita, la tante d'un autre pompier, "tous les responsables étaient au courant, du président jusqu’en bas, ils savaient ce qu’il y avait sur le port. Ils les ont envoyés à la mort. Ils les appellent martyrs mais ils les ont tués". Avec plusieurs familles, elle réclame toujours une enquête internationale, pour connaître la vérité, les responsabilités et surtout, pour qu’ils reposent en paix.
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