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Beyrouth: de jeunes Syriens font du cinéma pour tourner le dos à la guerre

Au centre des images sur la guerre en Syrie, beaucoup d'enfants martyrisés incarnent depuis six ans la brutalité du conflit, avec sa litanie de morts et de réfugiés. Grâce au projet «Film des réfugiés», une ONG belge souhaite donner une autre image du destin des jeunes Syriens rescapés, en leur offrant une chance de raconter leur histoire devant et derrière une caméra, dans un camp à Beyrouth.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Moustafa, 11 ans, jeune Syrien réfugié dans un camp à Beyrouth au Liban, apprend le cinéma. (JOSEPH EID / AFP)

Une trentaine d'enfants syriens de 9 à 14 ans participent à l'expérience. Moustapha, 11 ans, n'a eu aucun mal à se glisser dans la peau du réalisateur, lui qui, avant, «filmait avec son téléphone».

Accompagné de sa famille, il y a un an et demi, il a fui Minbij, ex-fief du groupe Etat islamique dans le nord de la Syrie avant de traverser la frontière pour s'établir au Liban à l'instar d'un million de Syriens.

Tahani, 9 ans, réfugiée syrienne à Beyrouth. (JOSEPH EID / AFP)

Le Liban est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par rapport au nombre de ses habitants (2,2 millions représentant environ 23% de la population libanaise).

Chaque jour, jusqu'au début du mois de juillet 2017, près de 30 acteurs en herbe sont réunis sur une place de Chatila dans le sud de Beyrouth. Depuis la création d'Israël en 1948, ce camp accueille 10.000 réfugiés palestiniens, auxquels sont venus s'ajouter des Syriens depuis 2011.

Chatila, camp de misère, est un véritable dédale de ruelles où les maisons sont juxtaposées et où il y a très peu d'espaces pour que les enfants se défoulent. Les organisateurs de l'atelier cinéma se disent impressionnés par l'enthousiasme, la créativité et les talents des petits réfugiés.

Moustapha prend son rôle de réalisateur très à cœur. (JOSEPH EID / AFP)

«Ici on apprend à filmer grâce à une caméra, on apprend une tonne de choses et on s'éclate tellement», s'enthousiasme Moustapha en train de tourner la scène d'un groupe entonnant une chanson traditionnelle arabe.

Hanadi, voilée de rouge brun, est au centre du tournage ce jour-là. Ses ongles peints en rouge pincent les cordes d'un oud, un luth oriental très répandu dans le monde arabe. 

«Quand je joue, je me sens comme une star», se réjouit Hanadi qui, il y a quatre ans, a fui sa maison près de Damas. La jeune fille précise qu'elle chante aussi du rap syrien, notamment des chansons d'Ismaïl Tamer qui «parlent de guerre, de bombardements, de destructions ... qui parlent de la Syrie». 

L'une des scènes musicales du film tourné par les jeunes réfugiés. (JOSEPH EID / AFP)

Les apprentis-cinéastes ont produit six courts-métrages, dont un film d'horreur à propos de trois sorcières. Un autre, Trahison à Beyrouth, raconte une histoire d'amour et d'enlèvement. 

«Les caméras occidentales se concentrent toujours sur les enfants syriens. Nous avons voulu inverser la donne et mettre ces enfants derrière la caméra», explique à l'AFP Shiyam Jones, réalisateur britannico-autrichien de 25 ans et copromoteur du projet avec Aphra Evans, une enseignante britannique qui aide les enfants à écrire des scripts.

Une fois le tournage terminé, «nous faisons le montage et nous montrons le résultat aux enfants. Ils peuvent ainsi se voir comme petits acteurs sur grand écran», précise Shiyam Jones avant de préciser que les courts-métrages vont être incorporés dans un documentaire qui montrera «la vraie vie à Chatila».

Une visibilité dont profiteront peut-être les jeunes Syriens, apprentis cinéastes comme interprètes débutants.

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