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Au Liban, le sport victime des tensions confessionnelles

Malgré la fin de la guerre civile, il y a 25 ans, les troubles confessionnels se durcissent dans les stades libanais. De violentes échauffourées ont éclaté dernièrement lors de la finale du championnat national de basket-ball.
Article rédigé par Khadija Ben Hayyan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Au Liban, malgré sa popularité, le basket n'échappe pas aux querelles religieuses. (JOSEPH EID / AFP)

Au Liban, la religion structure la société. Qu’il s’agisse de choisir le président de la République ou d’élire le parlement. Mais c’est aussi le cas dans le sport.
 
La Fédération de football est menée par les chiites. Celle du basket par les chrétiens. Et les échecs (supposés ou réels) sont supportés par... les sunnites.

Les stades de foot sont vides de supporters depuis 2005 en raison des tensions entre sunnites et chiites. Ces dernières étaient survenues après l'assassinat de l'ancien Premier ministre sunnite Rafic Hariri, des cadres du Hezbollah chiite avaient été montrés du doigt.
 
Querelles récurrentes entre les supporters de «La Sagesse» et ceux du «Sportif»
Le basket, c’est encore autre chose. Sport le plus populaire du pays, il est traditionnellement dominé par la Hikma (La Sagesse) et Riyadi (Sportif), deux équipes rivales. Les matchs de La Sagesse et ceux du Sportif donnent lieu régulièrement à des déferlements de haine. Dès le début de la poule finale du championnat national, le 28 mai 2014, le public s’est mis à entonner des chants et des slogans hostiles aux politiciens et aux symboles religieux de l’adversaire.

Les supporters de Riyadi, en majorité des sunnites beyrouthins et des partisans du Courant du Futur de Saad Hariri, ont récité la Fatiha (premier verset du Coran). Et les partisans de la Hikma, des chrétiens favorables aux idées des Forces libanaises (FL) de Samir Geagea, ont répondu par «Notre père qui êtes aux cieux».
 
Les premiers criaient «Dieu, Hariri et Tariq Jdidé» (un quartier de Beyrouth traditionnellement sunnite), auxquels les autres rétorquaient par «Dieu, les Forces Libanaises, Geagea».
 
Parfois, les esprits s’échauffent. Certains vont jusqu'à insulter les femmes musulmanes. Offensés, les autres répliquent en se moquant de la Vierge.

Le plus surprenant, c'est que ces rivalités confessionnelles sur le terrain s’opposent complètement aux alliances politiques. Geagea et Hariri sont en effet tous deux alliés contre le mouvement chiite du Hezbollah, allié de son côté à l'autre chef chrétien Michel Aoun.
 
Finale du championnat : un violent incident
Lors d'un match, le 3 juin, les Libanais ont été atterrés devant de leurs postes de télévision. En effet, quand la Sagesse a égalisé à la fin du match, un spectateur est descendu sur le terrain et a giflé le joueur égyptien de Riyadi, Ismaïl Ahmad. Ce dernier a répliqué en rouant de coups son agresseur. L’incident a dégénère en bagarre générale.


Le «gouvernement ne permettrait pas que soit brisée la paix civile et que le sang coule. Les stades doivent être un lieu de rencontre et non de zizanie entre Libanais», a déclaré à la presse le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdel Muttaleb al-Hannawi.
 
Face à ce constat, le ministre de l'Intérieur a décidé d’interdire l’entrée du public pour les deux derniers matchs de la coupe et la fédération a imposé des amendes aux deux clubs. Les dirigeants politiques des FL et du Courant du Futur se sont réunis pour apaiser les tensions. Au final, c'est Riyadi qui a remporté le championnat.

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