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Au Liban, le séjour des réfugiés syriens se complique
En janvier 2015, le Liban mettait fin à sa politique très accueillante pour les réfugiés syriens. Jusque là en effet, ils n’avaient pas besoin d’obtenir un visa pour entrer dans le pays, et le renouvellement des permis de résidence était gratuit. Conséquence : des milliers de réfugiés sont désormais clandestins.
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Les nouveaux règlements en place depuis un an au Liban classent les réfugiés qui demandent un renouvellement de leur titre de séjour en deux catégories : ceux enregistrés auprès du HCR et les autres. Ces derniers doivent être parrainés par un «garant» pour pouvoir rester dans le pays.
Mais quel que soit le groupe dont il fait partie, le réfugié doit payer des frais particulièrement élevés, 200 dollars (environ 185 euros) pour renouveler annuellement les papiers. Cela vaut pour tout Syrien de plus de 15 ans. Or, selon le HCR, 70% des réfugiés vivent sous le seuil de pauvreté et dépendent des aides pour survivre. Une telle somme, multipliée au moins par deux pour une famille, est très difficile à rassembler.
Quant aux réfugiés non enregistrés auprès du HCR, ils doivent trouver un garant pour pouvoir séjourner au Liban. Une obligation qui ouvre la porte à tous les abus, harcèlement et corruption. Ainsi Human Rights Watch évoque le cas de Amr, réfugié vivant au sud du pays, dont le garant est aussi l’employeur. Il dénonce un cycle d’abus et d’exploitation. «Mon patron me fait travailler dans son magasin plus de 12 heures par jour. Je me plains parfois, mais il me menace alors d’annuler son parrainage. Que puis-je faire? Je dois faire tout ce qu’il me demande. Je me sens comme son esclave.»
Certains réfugiés parlent aussi de trafic de parrainage. Un garant pouvant monnayer jusqu’à 1000 dollars son soutien. Un trafic qui se déroule dès la frontière passée.
Des conséquences dramatiques
L’incapacité de renouveler son titre de séjour pousse à la clandestinité et à partir de là, la vie du réfugié bascule dans l’angoisse et parfois la soumission. Des femmes ont ainsi déclaré avoir été victimes d’exploitation sexuelle.
La vie des enfants a aussi basculé. Appelés à remplacer les adultes qui ne peuvent plus se déplacer, les enfants se retrouvent à travailler pour soutenir leur famille. Pour ceux qui ont la chance d’aller à l’école, ils en sont parfois exclus, ne pouvant présenter un titre de séjour arbitrairement demandé par la direction de l’établissement.
Pas de retour possible
Ces réfugiés n’ont pas d’alternative. Ils n’ont aucun autre pays d’accueil et pour eux, le retour en Syrie n’est pas envisageable. Aussi, des ONG comme Human Rights demandent au Liban de revoir sa copie. «Les politiques à courte vue du Liban risquent d’engendrer une situation potentiellement explosive», estime Nadim Houry, directeur adjoint pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch. Il y a 1,4 million de réfugiés au Liban. Selon le HCR, en fin d’année 2015, on en attendait près de deux millions. Et toujours selon le HCR, 90% des réfugiés sont endettés.
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