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Accord tacite Washington-Téhéran pour combler le vide présidentiel au Liban?

Un accord pour combler plus d’un an de vacance présidentielle au Liban serait en vue. Selon le quotidien «l’Orient le Jour», un compromis parrainé par Washington et agréé par l’Iran aurait mis en selle la candidature de Soleiman Frangié, ami personnel de Bachar al-Assad. Une manœuvre qui prend à revers le candidat Michel Aoun qui bénéficiait jusque là de l’aval du triangle Damas-Hezbollah-Téhéran.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
A l'issue de sa rencontre avec le Premier ministre libanais Tammam Salam (à droite) à Beyrouth, le 30 novembre 2015, le conseiller du guide suprême iranien, Ali Akbar Velayati, appelle à l'élection d'un président dans les plus brefs délais. (DALATI AND NOHRA/AFP)

Les manœuvres pour trouver une sortie de crise politique au Liban, sans président depuis le 25 mai 2014, se sont multipliées ces derniers jours, faisant sortir de l’ombre une candidature improbable.
 
Bloquée par l’alliance pro-syrienne du 8 mars, composée principalement du parti chiite du Hezbollah et son allié chrétien maronite du Courant Patriotique Libre (CPL), qui n’envisageaient aucun autre président que Michel Aoun, chef de ce courant, l’élection présidentielle libanaise vient d’être relancée de manière inattendue.

Téhéran souhaite l'élection d'un président «dans les plus brefs délais» 
En visite officielle au Liban, le conseiller du guide suprême de la République islamique d’Iran, s’est en effet prononcé en faveur de «l’élection d’un président, agréé par toutes les parties et le peuple libanais, dans les plus brefs délais».
 
Ali Akbar Velayati a paradoxalement pris soin d’ajouter qu’une telle décision appartenait au peuple libanais et qu’aucune partie étrangère n’avait le droit d’interférer dans ses choix.
 
Selon le quotidien libanais l’Orient le jour, cette relance iranienne intervient dans le sillage des efforts diplomatiques déployés par le chargé d’affaires des Etats-Unis au Liban, Richard Jones, pour mettre en œuvre un compromis autour d’un nouveau candidat.
 
Une formule mijotée depuis quatre mois qui a culminé dans une rencontre surprise entre Saad Hariri, chef de la mouvance souverainiste du 14 mars, regroupant le Courant du futur, sunnite pro-saoudien et ses alliés chrétiens libanais, et Soleiman Frangié, chef de la milice maronite des Marada du Liban-Nord et partisan de l’alliance Damas-Téhéran-Hezbollah.

Soleiman Frangié, une candidature improbable 
Agé de 50 ans, député, ancien ministre et petit-fils homonyme d’un ancien président libanais, Soleiman Frangié est issu d’une famille liée de longue date au président syrien défunt, Hafez al-Assad. Il est lui-même ami d’enfance de l’héritier de ce dernier, Bachar, pour lequel il nourrit la plus grande admiration.
 
«Le président Bachar al-Assad est une personne exceptionnelle dans la région», affirmait-il en juin 2014 à la télévision syrienne, «il jouit d’une personnalité forte et cohérente et tire sa force de sa foi en son peuple et son armée».
 
Convaincu que l’anarchie qui règne en Syrie est un «projet sioniste américain visant à ramener le pays à l’ère de l’ignorance», il soutient également le Hezbollah qui se bat dans ce pays «pour défendre les intérêts des minorités chrétiennes dans la région».

Le Hezbollah soutient Aoun mais donne son accord pour Frangié 
Officiellement, le Hezbollah, créé au Liban par Téhéran dans les années 80 et dirigé par Hassan Nasrallah, exclut de lâcher le général Aoun qui «reste le candidat numéro un, tant qu’il le souhaite».
 
Mais, selon l’Orient le jour, il aurait donné son accord de principe pour la candidature de Frangié.
 
Ce compromis entre les mouvances des 8 et 14 mars, s’il intervenait, comporterait évidemment des contreparties sur les modalités du scrutin et sur le poste de Premier ministre. Mais les choses n’en sont pas encore là. Et cette candidature surprise, pas au goût de tous dans les deux camps, risque de prolonger la vacance du pouvoir et d’accentuer un peu plus les divisions.
 
 
 

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