Cet article date de plus de treize ans.

L'ONU et les grandes puissance ont établi, jeudi à Paris, une feuille de route pour les nouvelles autorités de Tripoli

Ils ont débloqué 15 milliards de dollars contre la promesse de la démocratie, de la stabilité et de la réconciliation.Dans le même temps, les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Otan ont annoncé que les opérations militaires internationales se poursuivraient tant que Mouammar Kadhafi demeurerait une menace.
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Moustapha Abdeljalil, dirigeant du CNT, et Nicolas Sarkozy, lors de la conférence de Paris sur la Libye (01/09/11) (AFP / Lionel Bonaventure)

Ils ont débloqué 15 milliards de dollars contre la promesse de la démocratie, de la stabilité et de la réconciliation.

Dans le même temps, les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Otan ont annoncé que les opérations militaires internationales se poursuivraient tant que Mouammar Kadhafi demeurerait une menace.

Une soixantaine de délégations se sont réunis jeudi soir à Paris pour la Conférence des "amis de la Libye". Cette réunion, à l'invitation de Nicolas Sarkozy et du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, visait à accompagner la transition libyenne dans sa marche souhaitée vers la démocratie.

"A la suite des différentes interventions autour de la table, c'est une quinzaine de milliards de dollars d'avoirs libyens dans nos pays qui sont immédiatement dégelés", a déclaré Nicolas Sarkzoy à la presse, à l'issue d'une conférence des amis de la Libye organisée à Paris. "L'argent détourné par M. Kadhafi et ses proches doit revenir aux Libyens. Nous nous sommes tous engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye aujourd'hui", a-t-il ajouté à propos d'un pactole évalué à plus de 50 milliards de dollars.

Entre-temps, dans un message diffusé par une télévision syrienne, l'ex-homme fort de la Libye, désormais en fuite, a exclu jeudi toute reddition et appelé ses partisans à la résistance. "Préparez-vous à une guerre de gangs et de guérilla, à la guerre urbaine, et à une résistance populaire dans chaque ville (...) pour vaincre l'ennemi partout", a-t-il dit dans un message diffusé en soirée et où sa voix semblait calme et posée par rapport à ses discours habituellement enflammés.

La réunion est intervenue alors que le ministre des affaires étrangères de Kadhafi, et qu'.

Jeudi à Paris, douze chefs d'Etat, 17 chefs de gouvernement et une vingtaine de ministres, ainsi que les responsables de huit organisations internationales, ont participé à ce sommet autour du président français Nicolas Sarkozy, du Premier ministre britannique David Cameron et des deux principaux chefs du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion libyenne.

La transition politique en Libye et l'aide internationale, avec notamment le rôle que doit y jouer l'ONU, étaient au menu des discussions. Aussi, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon est-il arrivé à Paris. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le Premier ministre britannique David Cameron étaient également présents, ainsi que le président de la Ligue arabe nabil Al-arabi.

Cette réunion ne se limitait pas au Groupe de contact qui s'est engagé sur le terrain depuis mars dernier. On y voyait notamment la Turquie, dont l'influence est majeure dans la région, et l'Algérie, récemment montrée du doigt pour avoir accueilli des membres de la famille Kadhafi. La Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du sud, tous critiques envers la campagne de l'Otan engagée depuis le 19 mars dernier, étaient également conviés. Coup de théâtre jeudi avant la conférence: la Russie a reconnu à son tour le Conseil national de transition (CNT) comme représentant légitime de la Libye.

Maintenant que la majeure partie de la Libye est aux mains des insurgés, l'heure est à la phase de démilitarisation du pays et au lancement de l'assistance pour la reconstruction du pays. La France entendait par cette conférence tenter de mettre sur la ligne du Groupe de contact les pays jusqu'ici hostile à l'intervention de l'Otan, afin d'accompagner la sortie de Libye de la crise qu'elle vient de traverser.

Pays ayant reconnu le Conseil intérimaire libyen
Une soixantaine de pays considèrent désormais les ex-rebelles qui ont renversé le régime de Mouammar Kadhafi, avec l'appui de l'Otan, comme dépositaires de l'autorité légitime dans le pays d'Afrique du Nord.

EUROPE
Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Kosovo, Lettonie, Luxembourg, Malte, Monténégro, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie, Slovénie, République tchèque, Russie

PROCHE ET MOYEN-ORIENT
Autorité palestinienne, Bahreïn, Egypte, Emirats arabes unis, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Qatar, Tunisie, Turquie

AFRIQUE
Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Ethiopie, Gabon, Gambie, Guinée, Maroc, Niger, Nigeria, Sénégal, Tchad, Togo

AMERIQUES
Canada, Colombie, Etats-Unis, Panama

ASIE ET OCEANIE
Australie, Japon, Malaisie, Maldives

Pays émettant des réserves :
L'Union africaine a appelé le 26 août à la formation en Libye d'un gouvernement de transition élargi, précisant ne pas pouvoir reconnaître le CNT tant que les combats continueraient; cette position contraste avec celle de la plupart des Etats membres de l'UA, qui ont reconnu à titre individuel le CNT.

L'Algérie attend la formation d'un gouvernement issu de la rébellion pour reconnaître le nouveau régime de Tripoli, a précisé jeudi le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci.

La Chine n'a pas officiellement reconnu le CNT tout en précisant avoir "toujours attaché une importance à son rôle".
L'Algérie entre deux chaises
L'algérie, qui a une frontière commune avec la Libye, a des relations tendues depuis février avec l'insurrection libyenne dont le Conseil national de transition, affirme qu'elle soutient le chef déchu Mouammar Kadhafi.

Dernier clou dans leurs relations: l'autorisation accordée à une trentaine de membres de la , dont trois de ses enfants et sa seconde épouse, d'entrer en Algérie. Alger a déclaré avoir agi pour des raisons "strictement humanitaires". Le CNT réclame leur retour pour les juger.

Aïcha Kadhafi, la fille du chef libyen déchu entrée samedi en Algérie, a accouché à la frontière algéro-libyenne sans présence médicale, a rapporté mercredi la diplomatie américaine en mentionnant un courrier adressé à l'ONU par le gouvernement algérien.

Une mission de l'UE à Tripoli
Une mission de l'Union européenne est arrivée mercredi à Tripoli pour évaluer l'aide dont la Libye aura besoin pour sa reconstruction, a annoncé une porte-parole de l'UE à Bruxelles, sur fond de multiplication des signes d'un retour des Européens sur place.

"L'objet de la mission est d'examiner la situation sur le terrain pour préparer l'ouverture d'une délégation de l'UE" dans la capitale libyenne, a indiqué Maja Kocijancic, la porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. "Nous sommes ici pour soutenir le peuple libyen pendant la période de transition. L'Union européenne est prête à apporter une aide sous la direction des Nations unies et du CNT", a souligné Catherine Ashton, dans un communiqué.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.