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L'Iran ou la diplomatie de la frime

Téhéran n'hésite pas à mettre en scène ses victoires diplomatiques, quitte à s'arranger avec la vérité.

Article rédigé par franceinfo
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Un couple brandit une réplique miniature du drone RQ-170 américain que l'Iran dit avoir capturé, le 11 février 2012 à Téhéran. (ATTA KENARE / AFP)

PROCHE-ORIENT – Encore une démonstration de force de la part de l'Iran. Mardi 4 décembre, la république islamique a affirmé avoir capturé un drone américain de type ScanEagle, et a joint le geste à la parole en diffusant sur la télévision d'Etat des images de l'appareil devant une carte du golfe Persique. La marine américaine, dans le même temps,a indiqué qu'elle n'avait perdu aucun appareil.

Ce n'est pas première fois que l'Iran agit de la sorte. Téhéran n'hésite pas à mettre en scène ses victoires diplomatiques, quitte à s'arranger avec la vérité. Francetv info a sélectionné trois exemples dans l'histoire récente.

1Fin 2011, la capture d'un drone et l'annonce de sa copie

L'annonce par Téhéran de la capture d'un drone américain n'est pas une première. Le 8 décembre 2011, la télévision d'Etat avait déjà présenté en grande pompe un autre appareil furtif d'observation, le RQ-170, censé être le fleuron technologique du Pentagone.

Cinq mois plus tard, un responsable militaire iranien affirme avoir réussi à percer tous les secrets de l'appareil – que Washington affirme avoir perdu après une panne – et avoir commencé à en produire une copie. Pour appuyer ses dires, le commandant des forces aériennes et spatiales des Gardiens de la révolution donne des précisions – difficilement vérifiables – sur les précédentes activités du drone. Cité par Le Monde.fr, il affirme notamment que l'appareil "a été envoyé dans un aéroport près de Los Angeles en décembre 2010 (...) et a survolé la maison où Ben Laden était caché deux semaines avant qu'il ne soit tué".

De l'autre côté de l'Atlantique, le président de la Commission de la sécurité intérieure au Sénat américain estime alors que "les Iraniens fanfaronnent". C'est peu dire : quelques semaines plus tard, une réplique miniature du RQ-170 est commercialisée dans le pays en tant que jouet, comme le prouve la blogueuse du Figaro Delphine Minoui, basée en Iran.

2En mai, une pseudo-parade contre un virus informatique

Le 28 mai 2012, la société de sécurité informatique russe Kaspersky, mandatée par l'ONU, révèle l'existence de Flame (entretien en anglais). Derrière ce nom se cache un virus informatique d'une complexité et d'une discrétion inédites, qui infecte essentiellement les ordinateurs iraniens, et qui aurait pu être à l'œuvre depuis cinq ans sans avoir été repéré.

Selon le Washington Post (lien en anglais), ce ver aurait été développé par les Etats-Unis et Israël, et sa mission était se répandre dans les réseaux informatiques iraniens, copier des fichiers, faire des captures d'écran et renvoyer ces informations discrètement. Une technicité qui poussait alors le site spécialisé ZDNet à se demander si Flame n'était pas le "virus le plus puissant de l'histoire du cyber-espionnage".

Il en faut toutefois davantage pour impressionner Téhéran, comme l'indique toujours ZDNet : deux jours après la découverte du virus, le ministère de l'Information et des Technologies de communication indique avoir développé "des outils destinés à reconnaître et supprimer" le logiciel malveillant. Fin juin, on apprendra que le virus s'était en fait autodétruit sur ordre de ses commanditaires, comme l'indique Le Figaro.fr.

3En novembre, un drone "made in Photoshop"

Avant-dernière offensive diplomatico-militaire en date : l'annonce début novembre par l'agence iranienne Mehr du premier vol réussi d'un drone de fabrication entièrement iranienne, le Koker 1. L'agence de presse publie même une photo de l'engin.

Problème : un pilote-blogueur repère que la photo est en fait une version retouchée de celle d'un drone japonais. "Peut-être que les Iraniens ont prévu d'acheter un de ces engins, pour le tester, ou qu'ils se sont juste servis de Photoshop", s'amuse-t-il sur son site.

A gauche, le drone présenté comme iranien. A droite, l'original japonais. (FRANCETV INFO)

Un journaliste du Monde.fr, qui évoque le sujet, écrit alors que "les agences iraniennes annoncent régulièrement des progrès technologiques fortement exagérés en matière nucléaire, gazière et militaire".

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