Reportage "Tu ne peux pas mettre Nétanyahou et le Hamas dans le même panier" : les Israéliens font bloc après les mandats d'arrêt réclamés à la CPI

Le procureur de la Cour pénale internationale a demandé des mandats d'arrêt contre Benyamin Nétanyahou et des dirigeants du Hamas. Pourtant décrié, le Premier ministre israélien est aujourd'hui soutenu par la population.
Article rédigé par franceinfo
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Benjamin Netanyahu, le 13 juin 2021. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

C’est la première fois qu’un dirigeant d’une démocratie et allié des Américains, fait l’objet d’une requête de mandat d’arrêt international. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a réclamé lundi 20 mai des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.  

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré avoir demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre". Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas également visés par cette demande de mandats d'arrêt, notamment son chef à Gaza, Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".   

Il faudra toutefois attendre plusieurs semaines la décision des juges de la chambre préliminaire de la CPI pour savoir si ces mandats seront appliqués. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, ainsi que son ministre de la Défense Yoav Gallant, pourraient alors être en quelque sorte assignés à résidence. Si tel est le cas, les plus de 120 pays qui ont ratifié le traité de Rome auront alors l’obligation de le livrer à la justice internationale. Un choc en Israël où la population fait front derrière son Premier ministre, pourtant très impopulaire.

"On n'a pas commencé cette guerre"

Le Premier ministre israélien a "rejeté avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël", pays "démocratique", et "les meurtriers de masse du Hamas". Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a fustigé une "décision scandaleuse" et "un déshonneur historique" pour la cour de La Haye. Et, partout en Israël, on constate la même indignation et le même argument dans la rue : "Tu ne peux pas mettre dans le même panier le nom de Bibi et celui de Sinouar et des autres leaders du Hamas !", dénonce un passant.

"Bibi" est donc aujourd'hui défendu par son principal opposant Benny Gantz, mais aussi par le Forum des familles d'otages qui l'accuse pourtant de ne pas en faire assez pour libérer leurs proches. Yaron en fait partie : "On ne se bat pas pour la même cause. Sinouar et les membres du Hamas haïssent les Juifs. Ils ont décidé de nous tuer d'une manière barbare et on n'a pas d'interlocuteur de leur côté."

"Nous, on cherche à libérer les otages et à détruire les tunnels qui permettent le trafic d'armes entre l'Egypte et Gaza. Israël défend la vie. Eux défendent la mort."

Yaron, un électeur de Netanyahu

à franceinfo

Si Israël est désormais dans le viseur de la CPI, ce n'est pas pour des crimes de guerre présumés, mais "parce que le pays est peuplé majoritairement de Juifs", juge pour sa part Ilan. Cet ancien électeur du parti centriste Yesh Atid, passé au Likoud, juge qu'il s'agit ici d'antisémitisme : "On se défend, on n'a pas commencé cette guerre. Ce n'est pas Bibi Netanyahu qui a donné l'ordre de tuer. On ne veut pas tuer les Palestiniens. On est beaucoup trop gentils", juge-t-il. Malgré la pression internationale, Israël ne peut plus s'arrêter, estime Ilan. "À cause du 7 octobre", il faut d'après lui continuer la guerre"jusqu'à ce que le Hamas disparaisse".

De son côté, le mouvement islamiste palestinien a également dénoncé les mandats d'arrêts réclamés par la CPI envers ses dirigeants, dénonçant "les tentatives du procureur (...) d'assimiler la victime au bourreau".

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