Reportage "On a reçu beaucoup de menaces" : des ONG israéliennes favorables à un cessez-le-feu peinent à se faire entendre dans leur pays

L'opinion publique israélienne est longtemps restée sourde aux appels à un cessez-le-feu. Certaines ONG ont même reçu des menaces.
Article rédigé par Hajera Mohammad
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Guy Shalev, directeur de l'ONG Physicians for Human Rights-Israël. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

C'est la 13e semaine de guerre entre Israël et le Hamas. La population palestinienne est épuisée par les bombardements incessants de l’armée israélienne. Le sud et le centre de la bande de Gaza sont particulièrement visés et, malgré les appels à un cessez-le-feu de nombreux pays de la communauté internationale, les deux parties ne semblent toujours pas prêtes à stopper les combats. Appel aussi lancé par plusieurs ONG israéliennes qui ont bien du mal à se faire entendre dans leur pays après les attaques du 7 octobre. Elles sont même parfois mal vues.

"Ça, c'est une vidéo d'un hôpital quand l'armée est entrée et que les soldats ont écrit des insultes sur les murs." Des vidéos, des notes vocales envoyées par ses contacts encore présents sur place, voilà comment Guy Shalev, suit la situation dans la bande de Gaza depuis Tel-Aviv.

"On reçoit tout le temps des messages et des informations sur des personnes que l'on connaît et qui sont mortes sous les bombardements, raconte-t-il. Plus de 300 soignants ont été tués depuis le début de cette guerre. Ce matin encore, on a parlé au directeur de l'hôpital européen de Khan Younès, son frère a été tué. Il était aussi médecin." Et c’est le même sentiment à chaque message reçu : "On est totalement impuissants."

La menace d'un gel des comptes

L’ONG Physicians for Humans Rights, qu’il dirige, travaille depuis des années avec des médecins gazaouis qu’elle forme, à qui elle envoie du matériel et des médicaments. Mais depuis le début de la guerre, impossible d’envoyer des renforts sur place, ni du matériel, ni de l’argent aux hôpitaux.

"Depuis quatre ou cinq semaines, on tente de faire parvenir de l'aide humanitaire dans Gaza, mais notre banque nous a menacé de geler nos comptes, déplore Guy Shalev. Les fonds envoyés à Gaza, ça aurait pu être considéré comme du financement terroriste, ou quelque chose comme ça."

Aujourd’hui, son organisation tente d’interpeller l’opinion publique sur le sort des Palestiniens, mais difficile de se faire entendre dans un pays où la majorité de la population soutient cette guerre.

"Personnellement, j'ai reçu des mails haineux et des textos d'insultes."

Guy Shalev, de l'ONG Physicians for Humans Rights

à franceinfo

"C'était impossible, les premières semaines, de parler d'un cessez-le-feu. On a essayé, on a reçu beaucoup de menaces, déplore l'humanitaire. Donc les gens ne voulaient pas en entendre parler. Mais je pense que ces deux ou trois dernières semaines, l'opinion s'ouvre un peu plus à l'idée que le cessez-le-feu est la chose à faire. Il n'y a vraiment aucun moyen de sauver des vies à Gaza si ce n'est d'appeler à un cessez-le-feu."

Plusieurs hôpitaux ont été bombardés, assiégés ou pris d'assaut par l'armée israélienne depuis le début de l’offensive. Selon l’Organisation mondiale de la santé, seuls neuf hôpitaux sur les 36 présents dans la bande de Gaza fonctionnent encore, ils sont situés dans le sud du territoire. Ceux du nord, eux, sont tous hors service.

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