Reportage "Mon sang, c'est l'UNRWA" : dans les camps de réfugiés palestiniens, la mise en cause de l'agence de l'ONU inquiète

La principale agence des Nations Unies chargée de l'aide aux Palestiniens est en pleine tourmente depuis les attaques du Hamas le 7 octobre dernier contre des kibboutz proches de Gaza. Face à cette polémique, dans les camps de réfugiés, ses bénéficiaires s'inquiètent.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une personne porte une veste avec le logo de l'UNRWA dans le camp de réfugiés d'Al-Maghazi dans la bande de Gaza, le 27 décembre 2023. (ASHRAF AMRA / ANADOLU)

Sur la base d’informations fournies par Israël, l’ONU a fait savoir, vendredi 25 janvier, que douze salariés de l’UNRWA étaient soupçonnés d’avoir participé à l’attaque du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023. Si l’agence onusienne s’est séparée de la dizaine d'employés mis en cause sur plus de 13 000, douze pays ont suspendu leurs financements à cette dernière. 

Pourtant, l'UNRWA est une véritable "bouée de secours" pour de nombreux réfugiés palestiniens. Parmi eux, Ahmad Abu Shehadeh, 66 ans. Il a passé trente ans de sa vie à enseigner dans une des écoles de l’UNRWA à Batala, le plus grand camp de réfugiés de Cisjordanie, dans la ville de Naplouse. Ce camp, sans l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens, il n’ose pas l’imaginer.

"Ce camp, qui l’a construit ? L’UNRWA. Qui nous apporte de l’aide alimentaire ? L’UNRWA. Qui donne tout aux habitants ici, depuis 1948 et jusqu’à aujourd’hui ? L’UNRWA."

Ahmad Abu Shehadeh

à franceinfo

Il poursuit : "À Gaza, désormais, qui apporte de l’aide aux habitants ? Qui s’occupe d’eux ? Je leur suis très reconnaissant… Même mon sang, c’est l’UNRWA", détaille ce professeur à la retraite en anglais.

L'inquiétude d'Ahmad Abu Shehadeh se concentre notamment sur ses collègues, les professeurs de l’école où il y a travaillé : "Est-ce que les postes seront maintenus ?", se demande-t-il. De son côté, Essam, un jeune travailleur, l’assure : plus que les emplois, l’objectif est politique afin d'en finir avec la question des réfugiés. "Le village de mes ancêtres ? Il se trouve seulement à quelques kilomètres d’ici. Et je ne peux même pas le voir, ni y mettre un pied", regrette Essam. Le droit au retour : voilà l’enjeu central dans ce camp, dans tous ceux de Cisjordanie, de Gaza, de Jordanie, en passant par la Syrie et le Liban. 

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