Reportage "Les laissés-pour-compte de cette guerre" : en Israël, des milliers de personnes se rassemblent pour les 5 ans d'Ariel Bibas, toujours otage à Gaza

Parmi la centaine d'otages toujours retenus à Gaza par le Hamas, Ariel Bibas, 5 ans, aurait dû fêter son anniversaire lundi.
Article rédigé par Claude Guibal - Marc Garvenes
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des participants au rassemblement pour le cinquième anniversaire d'Ariel Bibas à Tel Aviv, le 5 août. (GIL COHEN-MAGEN / AFP)

Près de dix mois après les attaques du 7 octobre, des milliers de personnes ont participé lundi 5 août à une cérémonie à Tel-Aviv pour célébrer l’anniversaire d'Ariel Bibas, un petit garçon de 5 ans devenu, avec sa famille, le symbole des 111 personnes toujours retenues par le Hamas dans la bande de Gaza. Des otages que beaucoup accusent Benyamin Nétanyahou de vouloir sacrifier, plutôt que de négocier avec le mouvement palestinien.

Sur les tee-shirts, les pancartes, les drapeaux, un petit bonhomme déguisé en Batman sourit. C’est l’anniversaire d’Ariel Bibas. Il a 5 ans. Mais Ariel est otage à Gaza. "Ça fait déjà des mois, on espérait tellement fêter ça" : sur une estrade, la grand-mère d’Ariel prend la parole. "Tu me manques, dit-elle encore, toi le premier de mes petits-fils", imaginant le jour où Ariel reviendra et lui demandera à jouer dans le jardin.

"Ils ne peuvent pas rester là-bas"

Dans la foule, il y a Nitzan. Le 7 octobre, lorsqu’Ariel a été enlevé par le Hamas avec sa mère et son petit frère âgé de neuf mois, et emmené avec les autres otages à Gaza, Nitzan était enceinte. Depuis Yonathan est né. Il a 8 mois et babille dans la poussette qu’elle tient devant elle. "C’est tellement triste, s'émeut Nitzan. J’ai un petit garçon, ça pourrait être nous. Je ne peux pas supporter ça. Tu le vois, tu vois sa famille si belle, et on ne sait pas où il est."

"Le gouvernement ne fait rien pour les ramener à la maison. Mais il faut qu’ils le fassent ! Ils ne peuvent pas rester là-bas. Ça va faire bientôt un an !"

Nitzan, habitante de Tel-Aviv

à franceinfo

"Pourquoi sont-ils toujours à Gaza ?", crie la foule. "Bibi c’est à cause de toi…", répond un homme. Une pancarte dans les mains, Limor Ardeshtel brave la chaleur : "On n’en fait pas assez. On les sacrifie, ce sont les laissés-pour-compte de cette guerre." Limor est là à chaque rassemblement. Elle remercie les journalistes d’être là, pour que le sort des otages ne soit pas éclipsé par la vertigineuse escalade de tensions. Tous redoutent les représailles promises par le Hezbollah et l’Iran à l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh : "Je pense que ce n’était pas le moment de faire quelque chose d’aussi radical. Car ça a des conséquences. Ce n’était pas le moment."

Alors que le pilonnage de Gaza continue, et que des roquettes tombent chaque jour sur Israel, Limor pense "qu’il faut tout arrêter, tout, et parvenir à cet accord que Benyamin Nétanyahou a lui-même initié. Il faut le mettre en œuvre et ce qui arrivera après, eh bien, on verra plus tard." Un accord dont les alliés d’extrême droite de Benyamin Nétanyahou au sein de la coalition gouvernementale ne veulent pas, menaçant de se retirer s'il était conclu. À Gaza, Ariel, son frère et les autres otages entament leur 305e jour de captivité.

Le reportage à Tel-Aviv de Claude Guibal et Marc Garvenes

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