Une opération de police dans un camp de réfugiés palestiniens embrase Jérusalem-Est
Plusieurs quartiers palestiniens, dans la partie est de Jérusalem, sont le théâtre de violences et d'affrontements entre leurs habitants et les forces de l'ordre israéliennes.
Tout a commencé samedi soir, le 8 octobre, avec le meurtre d'une soldate israélienne de 18 ans au checkpoint d'entrée dans le camp de réfugiés de Shuafat. La police, à la recherche de son assassin, a investi le quartier. Les Palestiniens dénoncent "une punition collective" et observent jeudi 13 octobre une grève générale.
Dans le camp de Shuafat, cela sent mauvais : les habitants mettent le feu aux ordures dans les grandes bennes en métal, la fumée attaque le nez et les yeux, et la police actionne son canon à eau qui projette un liquide à la puanteur effroyable. Shuafat, qui fait officiellement partie de la municipalité de Jérusalem, est en état de siège. Une réalité renforcée par le mur de béton qui le sépare du reste de la ville. Les habitants sont à bout : "Les Israéliens nous mettent sous pression. Le camp de Shuafat se trouve à Jérusalem, et pourtant on nous a emmurés en 2006. Depuis, on est enfermés. Le seul moyen d’aller à Jérusalem, c’est de passer par les postes de contrôle israéliens. Les soldats arrêtent nos jeunes, ils les humilient, ils les giflent. Et lorsque, à cause de cette injustice, l’un des nôtres laisse éclater sa colère et commet une attaque, les forces d’occupation se réveillent, et reviennent ici pour imposer leur loi. Les Israéliens redoutent à présent que le camp de Shuafat se transforme en Jénine ou en Naplouse ? C’est trop tard, c’est déjà Jénine ou Naplouse."
"Allez faire un tour dans le camp pour voir comment on vit. On est étranglés. Ici, on est collectivement punis, et les médias ne s’intéressent à notre sort que lorsqu’un incident sécuritaire se produit. Le poste de contrôle israélien à l’entrée du camp doit disparaître. Nous soumettre à davantage de restrictions sécuritaires ne fera qu’empirer les choses !"
Un habitant de Shuafatà franceinfo
Jénine ou Naplouse, ces villes également théâtre de violents affrontements depuis le mois de mars, sont en Cisjordanie, loin d'ici. Mais depuis quatre jours, toute la partie orientale de Jérusalem s'embrase. Les quartiers de Sheikh Jarrah, Beit Hanina, Issaouia ont basculé.
"Jérusalem est en feu", écrit jeudi matin la presse israélienne. Dès la mi-journée, dans des rues jonchées de débris, des jeunes lancent des bouteilles et des pierres contre la police. Des frigos, des chariots calcinés servent de barricades improvisées, les balles caoutchoutées de la police répondent aux petites bombes artisanales... Et c'est comme ça jusqu'au bout de la nuit. "La situation sécuritaire ne fait que se dégrader, confirme un habitant. Les incursions des forces israéliennes se multiplient. Ils ne font aucune différence entre une personne innocente et un coupable. À leurs yeux, on est tous coupables."
60 000 personnes résident à Shuafat et ne peuvent quasiment plus en sortir : à cause des contrôles il faut quatre heures pour rejoindre le centre-ville, à 13 kilomètres de là. La police recherche toujours le tueur de la soldate israélienne. Face au soulèvement, quatre compagnies de réservistes de la police aux frontières vont être déployées.
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