Guerre Israël-Hamas : "J'ai dû évacuer", annonce Motaz Azaiza, l'un des derniers journalistes à Gaza

Motaz Azaiza, 25 ans, a quitté la bande de Gaza, mardi, après avoir passé plus de 100 jours à informer les abonnés de son compte Instagram, sur la situation dans l'enclave.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Capture d'écran de la vidéo Instagram de Motaz Azaiza, annonçant son départ de l'enclave. (MOTAZ AZAIZA / CAPTURE D'ECRAN)

C’est l’une des icônes de Gaza. Le photographe Motaz Azaiza est sorti en début de semaine de la bande de Gaza. Grâce aux réseaux sociaux, il est devenu incroyablement célèbre dans le monde. Dans un contexte où il est extrêmement difficile pour les journalistes internationaux de travailler sur place, c’est l’un des rares à avoir réussi à faire passer la douleur et l’ampleur des destructions dans l’enclave. Son compte Instagram compte 18 millions d’abonnés.

Mardi 23 janvier, Motaz Azaiza publie son dernier post Instagram depuis la bande de Gaza, comme d’habitude face caméra, avec ses lunettes épaisses, sa barbe fournie, et son gilet pare-balles siglé "Press" : "J'ai dû évacuer pour beaucoup de raisons. Vous en connaissez certaines, mais pas toutes. Merci à tous, priez pour Gaza".

À 25 ans, Motaz Azaiza est devenu "l’œil" de la bande de Gaza. Pendant 107 jours, il a tenu la chronique quotidienne des morts, du dénuement et des destructions. L'ancien employé de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA) s’exprime en anglais. Il a posté plus de 2 000 publications, massivement suivies depuis l’étranger. 

Motaz Azaiza a réussi à donner un visage à une population qui reste difficilement accessible pour la presse internationale : "Les Israéliens ont tué les gars qui utilisaient les drones pour qu'on ne puisse plus montrer l'ampleur des destructions avec des images vues d'en haut. Donc j'essaye de montrer les choses avec mon téléphone, avec mon appareil photo, mais c'est impossible de montrer combien c'est massif." Motaz Azaiza a réussi à incarner le quotidien de la population dans la bande de Gaza, toujours inaccessible. Il a aussi tenu la délicate position d’être à la fois acteur et témoin de cette guerre.

"C'est la voix des Gazaouis"

Rabha Chatar, présidente de l’Association méruvienne pour la Palestine, suit presque au quotidien les publications du journaliste : "C'est la voix des Gazaouis. À travers son travail, à travers sa présence sur le terrain, il a permis de montrer au monde entier ce qu'il se passe en réalité sur le terrain. Il a réussi à informer, à expliquer en direct ce qu'il se passait pour des personnes qui sont à l'extérieur du conflit."

Le journaliste vedette est maintenant à Doha au Qatar. Mardi, il était dans les locaux de la chaîne de télévision Al-Jazeera. Il n’a pas expliqué précisément les raisons de sa sortie de l’enclave dans laquelle 80 journalistes ont été tués depuis le début de guerre, d’après la fédération internationale des journalistes. D’autres journalistes gazaouis participent aussi à ce délicat travail d’information en l’absence d’accès accordé par Israël et l’Egypte à la bande de Gaza.

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