Guerre entre le Hamas et Israël : "La population gazaouie est prisonnière d'une agitation diplomatique qui n'aboutit pas encore à une résolution", se désole l'UNRWA

La porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Tamara Alrifai, s'est exprimée sur franceinfo. Elle déplore la "punition collective" des 2 millions de Gazaouis dans l'attente d'une résolution de l'ONU.
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Des Palestiniens déplacés pour fuir les bombardements se rassemblent à la base logistique de l’UNRWA à Rafah, dans la bande de Gaza, le 17 décembre 2023. (YOMIURI SHIMBUN / YOMIURI)

"La population [à Gaza] est prisonnière d'une agitation diplomatique qui n'aboutit pas encore à une résolution", se désole vendredi 22 décembre sur franceinfo Tamara Alrifai, porte-parole de l'UNRWA, agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, alors que le Conseil de sécurité a de nouveau reporté son vote sur une résolution destinée à améliorer l'aide humanitaire à Gaza.

La porte-parole de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient alerte sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza, qu'elle juge "catastrophique". Elle évoque notamment "les bombardements continus", "les abris insalubres" dans lesquels se réfugient les Gazaouis et "la famine qui commence à atteindre tous les ménages".

Franceinfo : Pourquoi les discussions pour obtenir à un cessez-le-feu n'aboutissent pas selon vous ?

Tamara Alrifai : La population civile gazaouie ne saura jamais l'agitation diplomatique et politique incessante au niveau du Conseil de sécurité à New York, au niveau des capitales des États avec influence pour arriver à un cessez-le-feu. Depuis le début de ce conflit, les Nations Unies appellent pour un cessez-le-feu humanitaire et urgent, mais en vain. [Il y a] une attente de la part de la communauté internationale que l'UNRWA fournisse une réponse humanitaire de qualité, mais surtout de volume - chose qui est en grand défi compte tenu du nombre très restreint de camions d'aide humanitaire que nous arrivons à faire acheminer dans une bande de Gaza qui a faim aujourd'hui.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a à nouveau reporté un vote sur une résolution destinée à renforcer l'aide à Gaza. Qu'est-ce qui coince ?

Ce qui coince, c'est que les différents membres du Conseil de sécurité n'arrivent pas encore à se mettre d'accord sur les termes de cette résolution. Nous trouvons incroyable d'imposer une forme de punition collective à une population de plus de 2 millions de personnes dans l'attente d'une résolution. Nous avons ici une population prisonnière de cette agitation diplomatique qui n'aboutit pas encore à une résolution.

Comment faire pour rassurer les Israéliens qui craignent l'entrée d'armes dans les convois humanitaires ?

D'abord, il existe une logistique sur place de vérification de tous les convois, du contenu de tous les camions par Israël. Ce système très lent et logistiquement très lourd est responsable de ce volume très restreint d'aides humanitaires qui rentrent à Gaza. Sur place, les Nations unies accueillent les convois qui arrivent à Gaza et nous travaillons de très près pour justement donner des garanties sur le contenu de ces camions. 

"Très concrètement, [rentrent à Gaza] de la farine pour du pain, certains aliments, certains médicaments et du carburant. Mais on parle de plus de 2 millions de personnes avec 40-50 camions par jour. Ce n'est rien du tout".

Tamara Alrifai, porte-parole de l'UNRWA,

à franceinfo

Pouvez-vous dresser un bilan humain des frappes qui se poursuivent sur le terrain ?

Nous n'avons pas encore le bilan, mais si nous sommes vraiment à 20 000 personnes tuées, dont 8 000 enfants [comme annoncé par le ministère de la Santé du Hamas mercredi] et encore ces chiffres ne prennent pas compte des morts pas encore enregistrés. Le bilan est vraiment très lourd, y compris pour l'UNRWA. Nous avons perdu 136 collègues de l'UNRWA, c'est la première fois qu'on perd un si grand nombre de collègues onusiens humanitaires en deux mois. [La situation humanitaire à Gaza] est catastrophique, entre les bombardements continus, le déplacement forcé de plus de 85% des Gazaouis, leur entassement dans des abris insalubres et la famine qui commence à atteindre tous les ménages à Gaza.

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