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Guerre entre Israël et le Hamas : pourquoi Emmanuel Macron a dû s'expliquer après ses propos sur les bombardements de civils à Gaza

Dans un entretien à la télévision britannique, le président français a exhorté à cesser les bombardements sur Gaza. Des propos qui ont provoqué de virulentes réactions d'Israël et qui ont obligé le chef de l'Etat à clarifier sa position.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron, à Paris, le 11 novembre 2023. (FRANCOIS PAULETTO / AFP)

Un équilibre précaire. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre, Emmanuel Macron navigue entre les condamnations des actes terroristes du Hamas et l'appel à l'arrêt des bombardements sur Gaza. Interviewé par la BBC, vendredi 10 novembre, le président de la République a "exhorté Israël à cesser" les bombardements qui tuent des civils. Des paroles qui ont fait réagir le gouvernement israélien et qui ont obligé le chef de l'Etat à préciser ses propos. Franceinfo revient sur cette polémique en trois actes.

Qu'a déclaré Emmanuel Macron ?

Dans un entretien accordé à la chaîne britannique, le chef de l'Etat français a exhorté "Israël à cesser" les bombardements tuant des civils à Gaza. "Nous partageons la douleur [d'Israël]. Et nous partageons leur volonté de se débarrasser du terrorisme", assure-t-il en préambule, avant d'énoncer son accusation.

"De facto, aujourd'hui, des civils sont bombardés. Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués."

Emmanuel Macron, président de la République

sur la BBC

Selon lui, il n'y a "aucune justification" à ces bombardements. "C'est extrêmement important pour nous tous, en raison de nos principes, parce que nous sommes des démocraties. Il est important, à moyen et long terme, ainsi que pour la sécurité d'Israël elle-même, de reconnaître que toutes les vies comptent", ajoute-t-il. 

Le chef de l'Etat a répété qu'il ne souscrivait pas à l'idée selon laquelle le meilleur moyen pour Israël de "se protéger [serait] de procéder à un bombardement massif de Gaza", qui crée d'après lui "du ressentiment et de mauvais sentiments". Emmanuel Macron a également assuré qu'il ne pouvait se prononcer sur une éventuelle violation du droit international par Israël : "Je ne suis pas juge, je suis un chef d'Etat."

Comme il l'avait déjà annoncé lors de sa conférence pour la paix jeudi et vendredi, Emmanuel Macron a toutefois rappelé que la réaction d'Israël "doit être conforme aux règles internationales de la guerre et au droit international humanitaire".

Quelle est la réaction d'Israël ?

Israël n'a pas tardé à réagir à cet entretien. Les propos du chef de l'Etat français "ont causé beaucoup de douleur et de contrariété en Israël", a affirmé samedi la présidence israélienne. Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, a été de son côté beaucoup plus virulent envers Emmanuel Macron. "La responsabilité de tout tort fait aux civils incombe au Hamas", s'est-il défendu lors d'une allocution télévisée.

Emmanuel Macron a "fait une erreur grave sur le plan factuel et sur le plan moral", a réagile chef du gouvernement israélien, assurant que "ce n'est pas Israël qui empêche l'évacuation de civils, mais le Hamas" qu'il accuse d'utiliser des civils comme "boucliers humains""C'est une guerre, on ne peut plus justifiée. Il faut établir une ligne morale : on ne peut pas offrir d'immunité à des terroristes", a ajouté le Premier ministre israélien.

"Nous faisons tout pour limiter les victimes civiles non impliquées, mais nous ne donnerons pas au Hamas l'autorisation de tuer notre population sans qu'il y ait de riposte de notre part."

Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien

en conférence de presse

"Les crimes que le Hamas commet aujourd'hui à Gaza seront commis demain à Paris, à New York et partout dans le monde", a mis en garde le chef du gouvernement, cité par le quotidien Haaretz. Benyamin Nétanyahou a conclu qu'il n'avait "pas besoin de ces leçons de morales", thème repris par Yoav Gallant, le ministre de la Défense israélien. "Je me demande d'où vient cet aplomb de nous faire la morale en pleine période de combats", a déclaré ce dernier cité par Les Echos.

Comment s'est justifié l'Elysée ?

Face à la polémique suscitée en Israël, Emmanuel Macron a décroché son téléphone pour appeler Isaac Herzog, le président de l'Etat hébreu, et préciser ses propos. "Le président Macron a clairement indiqué qu'il n'avait pas l'intention d'accuser Israël de porter atteinte intentionnellement aux civils innocents dans le cadre de la campagne contre l'organisation terroriste Hamas", a relevé la présidence israélienne. Le chef de l'Etat a assuré que ses commentaires à la BBC "concernaient la situation humanitaire, qui reste une question importante pour lui et pour de nombreux pays", a-t-elle ajouté.

Selon la présidence israélienne, Emmanuel Macron "a également souligné qu'il soutenait sans équivoque le droit et le devoir d'Israël à se défendre et a exprimé son soutien à la guerre menée par Israël contre le Hamas". De son côté, l'Elysée a réaffirmé que "le droit d'Israël à se défendre" et "la solidarité de la France avec Israël dans sa lutte contre le terrorisme". Le président français "a rappelé, une nouvelle fois, que ce combat devait être conduit dans le respect du droit international humanitaire et en prenant en compte la protection des populations civiles", avance l'Elysée.

Quelle position a adopté Emmanuel Macron lors de son déplacement en Suisse ? 

Lors d'une conférence de presse à Berne, en Suisse, le 15 novembre, le chef de l'Etat a assuré défendre une position "équilibrée" et qui n'a "jamais varié" sur le conflit. "Nous reconnaissons, de manière complète, le droit d'Israël de se défendre et de lutter contre le terrorisme, mais parce qu'Israël est une démocratie (…) ce droit à se défendre doit s'inscrire dans le cadre du droit international humanitaire et en respectant les règles de la guerre (...). Nous n'avons jamais varié", a-t-il lancé.

Il a aussi affirmé "assumer la totalité des propos" tenus dans une interview à la BBC. "Ces propos] correspondent à cette ligne qui condamne aussi les bombardements contre les populations civiles et qui s'émeut de la même manière d'un enfant qui est tué." "Il n'y a pas de double standard pour la France", a-t-il dit.

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