Guerre entre Israël et le Hamas : où en sont les négociations en vue d'une trêve à Gaza ?
Fadi voudrait "encore y croire". Mais ce Gazaoui, aujourd'hui réfugié en Egypte, est "bien obligé d'être lucide". "Plus les heures passent, plus les espoirs d'une trêve avant le début du ramadan diminuent", admet, las, cet étudiant joint par franceinfo, alors que sa mère et sa sœur sont toujours bloquées dans la bande de Gaza. Malgré des nouveaux pourparlers au Caire ces derniers jours, les négociations entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu et la libération d'otages sont toujours dans l'impasse. Franceinfo vous explique pourquoi, à ce stade, les deux belligérants ne se sont pas mis d'accord sur une trêve, alors que le mois sacré du jeûne musulman débute lundi 10 mars.
Les négociations au Caire sont au point mort...
Pendant quatre jours, du dimanche 3 au mercredi 6 mars, de nouveaux pourparlers ont eu lieu au Caire entre l'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis. Ces trois pays, qui font office de médiateurs depuis le début du conflit le 7 octobre, ont tenté d'arracher un accord pour une pause dans les combats avant le début du ramadan. Autour de la table également, une délégation du Hamas, mais pas de représentant israélien.
Le plan discuté prévoyait une trêve de six semaines et la libération de 40 otages retenus à Gaza (dont des femmes, des personnes âgées, des personnes en mauvaise santé, ainsi que cinq soldats israéliens) en échange de centaines de détenus palestiniens. Il permettait aussi une augmentation de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.
Mais les négociations se sont soldées par un échec et la délégation du Hamas a fini par quitter les discussions, mercredi. Le porte-parole du mouvement islamiste, Jihad Taha, a estimé qu'Israël ne répondait pas à ses "exigences minimales". L'Etat hébreu "refuse de s'engager et de donner des garanties concernant le cessez-le-feu, le retour des personnes déplacées et le retrait des zones de son incursion", a-t-il expliqué.
... mais elles pourraient se poursuivre
Malgré ce nouvel échec, les négociateurs se disent déterminés à poursuivre leur médiation le temps qu'il faudra. "Les médiateurs ont informé le Hamas que les efforts allaient se poursuivre en vue de parvenir à un accord", a reconnu un responsable du mouvement islamiste palestinien, s'exprimant sous couvert d'anonymat. Mais la voie des négociations "ne sera pas ouverte indéfiniment", a de son côté mis en garde un autre responsable du Hamas basé à Beyrouth, au Liban.
Tout en reconnaissant une "négociation difficile", l'administration américaine pousse, elle aussi, à un compromis. "Nous continuons de croire que les obstacles ne sont pas insurmontables et qu'un accord peut être trouvé", a assuré mercredi le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller.
Lors de son traditionnel discours sur l'état de l'Union, prononcé dans la nuit du jeudi à vendredi, le président américain a à son tour de nouveau appelé à un "un cessez-le-feu immédiat d'au moins six semaines". Ce qui permettrait notamment "la libération de tous les otages" encore retenus dans la bande de Gaza. Il a également évoqué, plus longuement qu'il ne l'avait jamais fait jusqu'ici, les souffrances des civils palestiniens, avertissant son allié israélien que l'aide humanitaire "ne pouvait être une considération secondaire ni une monnaie d'échange".
Le Hamas réclame toujours un cessez-le-feu définitif
Le principal point de divergence demeure toujours le même depuis plusieurs semaines : le Hamas veut qu'Israël s'engage à un cessez-le-feu permanent, c'est-à-dire à un arrêt définitif des combats. Avant tout accord sur une libération des otages retenus à Gaza, le mouvement terroriste réclame également le retrait complet des forces israéliennes de l'enclave palestinienne, ainsi que le retour dans leurs foyers des centaines de milliers de civils déplacés depuis le début de la guerre.
Mahmoud Mardaoui, l'un des responsables du Hamas, a affirmé à l'AFP que "la décision était entre les mains de Washington". A Joe Biden de décider "s'il veut vraiment mettre la pression sur Nétanyahou et son gouvernement pour parvenir à un accord". "Si Israël est sérieux et ne tergiverse pas, il est possible de parvenir à un accord de cessez-le-feu avant le début du ramadan", a-t-il affirmé.
"Le 28 février, Ismaïl Haniyeh, un dirigeant politique du Hamas basé au Qatar, a appelé publiquement à une marche pendant le ramadan à Jérusalem, devant la mosquée al-Aqsa", écrit par ailleurs le New York Times.
Israël exige une liste précise des otages encore vivants à Gaza
Israël a pour l'instant rejeté l'ensemble des exigences du Hamas. Benyamin Nétanyahou n'a pas l'intention de retirer ses forces militaires du territoire palestinien et, au contraire, il assure que l'offensive se poursuivra jusqu'à la "victoire totale". Abandonner l'offensive israélienne à Rafah, où s'est réfugiée la majeure partie de la population civile palestinienne (1,5 million de personnes selon l'ONU), équivaudrait à "la perte de la guerre pour Israël", a déclaré jeudi le Premier ministre israélien. "Le Hamas a deux options : se rendre ou mourir. Il n'y en a pas d'autre", a martelé dans la foulée son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
L'Etat hébreu, qui n'envisage qu'une simple pause dans l'arrêt des combats , exige toujours que le Hamas fournisse une liste précise des otages encore vivants à Gaza. Ils seraient encore 130 – dont une trentaine présumés morts – sur les quelque 250 enlevés le 7 octobre. Mais le mouvement terroriste dit ignorer qui est "vivant ou mort" parmi eux. Le 18 février, le ministre israélien Benny Gantz, également membre du cabinet de guerre de Benjamin Nétanyahou, avait averti : "Si d'ici au ramadan, les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah."
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