Guerre entre Israël et le Hamas : ce que l'on sait des fosses communes découvertes dans l'hôpital Nasser, à Khan Younès

La défense civile de la bande de Gaza a affirmé lundi avoir exhumé au moins 200 corps en trois jours dans la cour à l'intérieur de l'hôpital, l'un des plus importants de l'enclave palestinienne.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une femme palestinienne devant la fosse commune où des centaines de corps ont été découverts à l'intérieur de la cour de l'hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (JEHAD ALSHRAFI / ANADOLU / AFP)

Macabre découvert dans la bande de Gaza. La défense civile de l'enclave palestinienne a affirmé à l'AFP, lundi 22 avril, avoir exhumé ces trois derniers jours au moins 200 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l'intérieur de l'hôpital Nasser de Khan Younès, l'un des plus importants établissements de santé du territoire. "Nos équipes continuent de retrouver des corps dans l'enceinte", a déclaré Mahmoud Bassal, un porte-parole de la Défense civile. Aucune source indépendante n'est pour l'heure en mesure de confirmer ce bilan. Franceinfo vous résume la situation.

Des centaines de dépouilles exhumées depuis samedi

Les premiers corps ont été découverts samedi dans la cour de l'hôpital de Khan Younès, ville située dans le sud de la bande de Gaza. Quelques dizaines ont d'abord été exhumées. Certains, au moins 50, "étaient dépouillés de leurs vêtements, ce qui indique certainement qu'ils ont été arrêtés, torturés et soumis à de mauvais traitements de la part de l'armée d'occupation", a affirmé la Défense civile de Gaza. Le bilan s'est alourdi au fil des jours et lundi, le nombre d'au moins 200 morts a été avancé par un porte-parole de la Défense civile.

Un autre dirigeant de l'organisme a pour sa part évoqué à l'AFP le chiffre de 283 corps retrouvés. Un nombre également avancé, à l'AFP, par le chef du service de communication du gouvernement du Hamas, Ismail al-Thawabteh. Ce dernier assure que ces personnes ont été "tuées de sang-froid par l'armée d'occupation" israélienne.

Les services d'urgence ont assuré, lundi, que 73 corps supplémentaires avaient été découverts sur le site au cours de la dernière journée, faisant état là encore d'un bilan de 283 dépouilles, ajoute l'agence de presse Reuters. De nombreux Palestiniens se sont massés devant l'hôpital, à la recherche de proches disparus. En raison de la décomposition de certains corps, "le processus d'identification est difficile, mais les efforts doivent se poursuivre", a précisé la Défense civile de Gaza.

Une enquête internationale réclamée

L'agence Associated Press (AP) explique que "la zone funéraire de l'hôpital Nasser a été construite lorsque les forces israéliennes assiégeaient l'établissement le mois dernier". Citée par AP, la Défense civile affirme que les habitants, dans l'incapacité de pouvoir enterrer les morts dans un cimetière, ont creusé des tombes dans la cour de l'hôpital. Elle soutient que certaines personnes sont mortes lors du siège de l'hôpital, tandis que d'autres ont été tuées lorsque les forces israéliennes ont attaqué l'établissement, rapporte AP mardi.

Les autorités de Gaza assurent que les corps découverts jusqu'à présent proviennent d'une seule des trois fosses communes qu'elles ont trouvées sur le site, souligne Reuters. "Nous prévoyons de retrouver 200 autres corps dans la même fosse commune au cours des deux prochains jours avant de commencer à travailler dans les deux autres cimetières", a déclaré à l'agence de presse le chef du service de communication du gouvernement du Hamas. Ce dernier accuse Israël de procéder à des "exécutions" à l'hôpital et de dissimuler les crimes en enterrant les corps avec un bulldozer. Si elle n'a pas répondu immédiatement aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne "a fermement nié avoir procédé à des exécutions", écrit Reuters.

Les autorités de Gaza veulent faire la lumière sur cette découverte macabre. "Nous demandons une enquête internationale pour qu'elle se penche de près sur ces crimes contre des civils, des enfants et des femmes", a déclaré à l'AFP le chef du service de communication du gouvernement du Hamas. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a également demandé que des "enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes soient menées". "Compte tenu du climat d'impunité qui prévaut, des enquêteurs internationaux devraient être associés à cette démarche", a-t-il estimé.

La ville de Khan Younès dévastée par l'armée israélienne

L'armée israélienne s'est retirée le 7 avril de Khan Younès, après avoir mené ce qu'elle a appelé une "opération précise et limitée" dans l'hôpital Nasser, l'un des plus grands de l'enclave palestinienne. La ville a été la cible de six mois de bombardements accompagnés de combats au sol. Un départ qui a surpris les Palestiniens, dont certains ont repris la direction de la ville désormais dévastée qu'ils avaient quittée en raison des combats.

Mais Reuters, citant le témoignage d'habitants, a avancé que les troupes israéliennes sont revenues dans un secteur de la partie orientale de Khan Younès lors d'un raid surprise. Cette opération a fait fuir une fois de plus les personnes retournées dans leurs maisons abandonnées.

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