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En Ukraine, la communauté juive prise entre deux guerres : "On demande à Dieu : aide Israël, aide l’Ukraine"

Alors que ce lundi 16 octobre, l'Ukraine entre dans son 600e jour de guerre, la communauté juive du pays vit entre deux conflits, depuis qu'Israël et le Hamas sont aussi entrés en guerre.
Article rédigé par Boris Loumagne - Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Haïm, petit commerçant juif de la ville d'Ouman, en Ukarine. (Boris Loumagne)

À Ouman, dans le centre de l'Ukraine, vit une communauté de 2 000 Juifs orthodoxes : les Hassidiques. Chaque année, jusqu’à 70 000 pèlerins venus de monde entier se rendent dans cette ville pour le Nouvel an juif sur la tombe de Rabbi Nahman, une des principales figures du hassidisme. Depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre et les répliques de tirs, cette population se trouve prise entre deux conflits.

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Haïm est un petit commerçant d’Ouman. Depuis 600 jours désormais, il subit la guerre de son pays adoptif. "J’ai des amis qui font la guerre dans l’armée ukrainienne. On leur envoie des provisions, des vêtements chauds. On fait le maximum", raconte-t-il. Mais depuis plus d'une semaine, Raïm vit aussi une seconde guerre, dans son pays de naissance, Israël, là où habite une partie de sa famille. "Je me lève à 4h du matin pour regarder les informations sur Israël. J’en suis traumatisé. Ma femme et ma famille aussi, se désole le commerçant. En Israël, c’est un grand choc. Notre famille là-bas nous dit : ne bougez pas, restez en Ukraine parce que désormais, c’est plus tranquille qu’ici. Certains de nos proches pensent même à nous rejoindre. Nous, on reste ici et on demande à Dieu : aide Israël, aide l’Ukraine."

À Ouman, les premières heures qui ont suivi l’attaque du Hamas le 7 octobre ont été traumatisantes pour la communauté juive. Aaron Shetrit est franco-israélien et vit plusieurs mois de l’année en Ukraine. "On était en pleine fête. C'est un moment où on n'a pas accès aux téléphones ni aux médias. Ce sont les non-Juifs qui travaillent autour de nous qui nous l'ont annoncé", explique-t-il. L'attaque a eu lieu au moment de Sim'hat Torah, "le plus grand moment de joie dans l'année". Aaron dit s'être alors retrouvé déchiré entre deux sentiments : "D'un côté, il y a cette nouvelle très dure, mais d'un autre côté, Dieu nous demande d'être joyeux pendant cette fête-là."

Une recrudescence des actes antisémites


Depuis, certains Hassidiques d’Ukraine sont rentrés combattre en Israël, d’autres restent ici, pour prier pour la paix, comme Yoann. Ce Franco-Israélien est très attaché à ce pèlerinage à Ouman : "Une partie de la prière est dédiée à la paix dans le monde. On a beaucoup prié pour l'Ukraine au moment de la guerre et on continue de prier." Désormais, Yoann prie aussi pour la paix en Israël "puisque le pays est entouré de personnes qui veulent notre fin".

Depuis le début de l'invasion russe, plusieurs frappes ont touché la ville d’Ouman. Ces derniers jours, la communauté juive doit, en plus, faire face à une autre menace : le regain des actes antisémites. Iryna Rybnytska est directrice du Centre culturel d'Ouman. "Par rapport à la situation internationale, et à la possible menace qui entoure les lieux de culte juifs, à Ouman, on a renforcé la surveillance via des contrôles par les forces de l’ordre et par les services de sécurité d’Ukraine", indique-t-elle en désignant les officiers en uniformes.

Elle qui s'occupe des relations entre la communauté juive et la mairie de la ville assure toutefois : "Vous ne verrez pas de tension ici, bien que tous ici soient préoccupés par ce qu’il se passe dans le monde."

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