Conflit Israël-Hamas : "Soutenir le Hamas est la chose la plus naturelle au monde" pour Erdogan, "mais il n'est pas anti-Israël", estime un politologue

Il s'agit pour le président turc de préparer les municipales de 2024, et de s'assurer du soutien "des petits partis islamistes radicaux", explique Ahmet Insel.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Erdogan le 25 octobre 2023 lors d'un discours devant les députés de son parti AKP. (ADEM ALTAN / AFP)

"Soutenir le Hamas est la chose la plus naturelle au monde" pour Recep Tayyip Erdogan, "mais il n'est pas anti-Israël. Son parti politique est en relation étroite avec le Hamas depuis toujours", a expliqué samedi 28 octobre sur franceinfo Ahmet Insel, économiste, politologue, et ancien professeur à l'Université de Galatasaray, en Turquie. Le président turc a demandé, sur X (ex-Twitter), à Israël "d'arrêter immédiatement cette folie" et de "mettre fin à ses attaques" contre Gaza.

"Il joue sur son électorat de base. En Turquie, les élections municipales ont lieu en mars 2024, analyse Ahmet Insel. Il cherche à satisfaire "des électeurs antisionistes, pro-Palestiniens. En Turquie, au-delà de Recep Tayyip Erdogan, à peu près 75 à 80% de la population soutient les revendications des Palestiniens."

"Pour pouvoir gagner les élections, il a besoin de l'appui de l'extrême droite nationaliste et des petits partis islamistes radicaux. C'est comme ça qu'il a obtenu 51% de voix" à l'élection présidentielle.

Ahmet Insel, économiste, politologue

à franceinfo

 
Selon le chercheur, ce sont "la virulence des attaques d'Israël contre Gaza, les crimes de guerre commis ouvertement, et le soutien trop ouvert des Etats-Unis", qui ont poussé Erdogan à prendre position pour le Hamas.

La Turquie aurait pu jouer le rôle de médiateur, mais "cela est désormais plus difficile. Depuis quelques mois, Recep Tayyip Erdogan avait commencé à retisser des liens avec Israël et il devait y aller bientôt. Mais mercredi, il a annoncé qu'il n'irait pas."

Ce revirement de situation reporte les contrats gaziers qui allaient être signés. "Dans cette position, il est plus difficile pour Erdogan de jouer un rôle d'intermédiaire. Mais il faut se méfier car il est capable de changer de position du jour au lendemain sans aucune explication", estime le politologue.

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