Accord sur la libération d'otages à Gaza : "trêve", "accalmie", "cessez-le-feu"... Pourquoi personne n'utilise le même mot ?

Un accord avec le Hamas a été approuvé par Israël cette nuit pour libérer des otages. En échange, la cessation temporaire des combats. Mais sur ce point-là, les mots divergent de part et d'autre de la frontière.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Le nord de la bande de Gaza, mercredi 22 novembre 2023. (JACK GUEZ / AFP)

Il y a une chose frappante depuis qu'Israël a annoncé avoir donné son feu vert pour un accord avec le Hamas, qui prévoit la libération d'une cinquantaine d'otages en échange de prisonniers palestiniens et d'une pause dans les combats. Et sur ce dernier point justement, les uns parlent de "trêve", les autres d'"accalmie".

En fait, derrière, il y a un fort enjeu de politique intérieure en Israël. Le Premier ministre ne peut pas laisser penser qu'il cède du terrain pour la récupération de ses otages. Benyamin Nétanyahou doit en effet composer avec le poids de l'extrême droite et l'accumulation des critiques sur sa politique sécuritaire. Le gouvernement parle donc d'"accalmie" dans les combats.

Ce n'est pas la fin de la guerre, a bien fait savoir le Premier ministre Benyamin Nétanyahou avant même la réunion de son gouvernement pour décider de la position sur l'accord. "Le gouvernement israélien, l'armée israélienne et les forces de sécurité poursuivront la guerre pour ramener toutes les personnes enlevées, éliminer le Hamas et garantir qu'il n'y ait plus aucune menace pour l'État d'Israël depuis Gaza", a d'ailleurs confirmé le gouvernement après son vote. Les opérations reprendront "à pleine force", a complété le ministre de la Défense. L'objectif de l'anéantissement du groupe palestinien reste en ligne de mire.

Trois Palestiniens pour un Israélien

Pour le Hamas, cet accord est une "trêve humanitaire". C'est à la fois une façon de tenter de montrer un visage un peu moins radical et une façon de parler au nom de la cause palestinienne. Le mouvement fait mine de se préoccuper des civils dans l'enclave qui payent aujourd'hui très cher le prix de cette guerre. Il souligne aussi que c'est bien lui qui obtient des résultats avec sa méthode de guerre : la libération de prisonniers, sur un ratio de trois Palestiniens pour un Israélien d'après les premières informations. En 2011, un soldat israélien, Gilad Shalit, avait été libéré contre 1 000 prisonniers palestiniens.

Si les mots sont différents, une question reste : les armes vont-elles se taire, même brièvement ? C'est pour le moment dans l'intérêt de tout le monde. Les Israéliens veulent retrouver le plus d'otages possible pour sortir de ce drame et simplifier les choses sur le terrain, le Hamas veut engranger un résultat politique pour incarner la résistance palestinienne. Et il y a derrière tout ça l'enjeu de la sécurité des otages pendant l'opération.

Mais ces trêves sont toujours fragiles. En 2014, les cessez-le-feu avaient été régulièrement rompus. La moindre étincelle peut remettre le feu aux poudres. Quoi qu'il en soit, cette "trêve" ou cette "accalmie" n'entrera pas en vigueur avant vendredi 23 novembre au matin. Israël doit encore évacuer un éventuel recours devant la Cour suprême. D'ici là, les combats devraient continuer. 

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