Le prix Nobel de littérature attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch

Le prix Nobel de littérature a été attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch, jeudi 8 octobre. L'auteure engagée, connue pour ses livres sur l'ère post-soviétique, a notamment écrit La Fin de l'homme rouge et Les Cercueils de zinc.

Biobibliographical notes, 2015 Literature Laureate Svetlana Alexievich, 67 years old: http://t.co/NyIBaOHbKN #NobelPrize

— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 8, 2015

Née en 1948 en Ukraine d'un père biélorusse et d'une mère ukrainienne, cette ancienne journaliste est l'auteure de livres poignants sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ou la guerre d'Afghanistan. Des ouvrages interdits dans son pays, où on ne lui pardonne pas le portrait d'un homo sovieticus incapable d'être libre. 

Jeudi, l'écrivaine a exprimé sa "grande joie" après l'annonce de sa récompense, et a appelé à "ne pas faire de concession devant un pouvoir totalitaire". "J'aime le monde russe, mais pas celui de Staline et Poutine", a lancé l'auteure biélorusse.

Des témoignages poignants sur Tchernobyl

Svetlana Alexievitch s'est d'abord fait connaître en Russie et à l'étranger avec Les Cercueils de zinc (1991, Bourgois), où elle raconte une guerre absurde et la débâcle russe en Afghanistan, avec des anecdotes extrêmement fortes.

Dans La Supplication (1998, Lattès),  l'écrivaine creuse ce sillon. Elle fait entrevoir, rapporte France Culture, un monde bouleversant : celui des survivants de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, à qui elle cède la parole. Des témoignages qui nous font découvrir un univers terrifiant, comme en témoigne cet extrait : "Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Vous n'êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main !"

Des portraits sans concession de "l'homo sovieticus"

Son dernier ouvrage traduit en français, La Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement (Actes Sud) s'est vu décerner en France, en 2013, le prix Médicis de l'essai. Dans ce livre, l'auteure dresse un portrait sans concession, mais non sans compassion, de l'homo sovieticus, plus de vingt ans après l'implosion de l'empire soviétique. 

Ces récits composés à partir de témoignages patiemment recueillis sont traduits en plusieurs langues. Des spectacles tirés de ses livres ont été mis en scène en France et en Allemagne. Svetlana Alexievitch est la 14e femme à recevoir le prix Nobel de littérature.