Pékin et Washington s'engagent à accroître leurs échanges militaires et garantir l'utilisation pacifique de l'espace
Les deux pays vont prendre "des actions concrètes pour promouvoir à l'avenir des relations de militaires à militaires soutenues et de confiance", ont-ils indiqué mardi à l'issue de la rencontre entre Barack Obama et son homologue chinois Hu Jintao.
La modernisation de l'armée chinoise a été source de tensions bilatérales ces dernières années.
La Chine insiste sur le fait que le renforcement de ses capacités a pour seul but d'assurer sa défense. Des pays, comme les Etats-Unis ou le Japon, se sont inquiétés de ses investissements susceptibles de modifier l'équilibre des forces en Asie.
Chine et Etats-Unis ont également promis plus de consultations sur leurs activités spatiales. "Les deux parties estiment que les deux pays ont des intérêts communs à promouvoir l'utilisation pacifique de l'espace et sont convenus de mener des actions pour renforcer la sécurité de l'espace ", dit le communiqué.
En visite à Tokyo, le patron de la Nasa s'est dit prêt "à discuter avec les Chinois pour essayer d'en faire des partenaires dans les projets spatiaux. Je pense que c'est une nation très capable", a déclaré Charles Bolden.
L'Iran, le climat et le dalaï-lama figuraient également au menu des entretiens entre les présidents américain et chinois.
Sur le climat, les deux dirigeants sont convenus d'oeuvrer "au succès" de la conférence de Copenhague, afin qu'elle aboutisse à un accord avec "effet immédiat", a annoncé Barack Obama. Ils ont également mis en garde l'Iran sur le nucléaire.
Par ailleurs, le numéro 1 américain a appelé à une reprise du dialogue dalaï entre le dalaï-lama et Pékin.
Climat
Barack Obama et Hu Jintao ont loué, mardi à Pékin, à l'issue de leur rencontre, la coopération entre leurs deux pays. Après une étape à Shanghai lundi où il a rencontré des étudiants pour sa première visite en Chine, le président américain a affirmé mardi que les Etats-Unis et la Chine, les deux plus grands pollueurs de la planète, travaillaient ensemble pour "obtenir un succès" à Copenhague.
Faisant état de "progrès" sur la question du réchauffement climatique dans ses discussions avec le président Hu, Barack Obama a déclaré que "sans les efforts à la fois de la Chine et des Etats-Unis, les deux plus gros consommateurs et producteurs d'energie, il ne peut y avoir de solutions (...) Notre but n'est pas un accord partiel ni une déclaration politique, mais plutôt un accord qui couvre toutes les questions dans les négociations et ait un effet immédiat." De nombreux pays attendent des initiatives des 1ère et 3e puissances économiques mondiales à la conférence sur le climat prévue du 7 au 18 décembre.
Sur l'un des principaux dossiers litigieux, le commerce, le président chinois a affirmé que les deux pays devaient repousser la tentation du protectionnisme, dans le contexte de la crise économique. "Nos deux pays doivent s'opposer au protectionnisme et le rejeter", a déclaré Hu Jintao, tout en soulignant que Pékin et Washington avaient réaffirmé leur volonté de continuer à travailler ensemble pour "résoudre de manière appropriée leurs divergences économiques et commerciales". Au plan commercial, les relations bilatérales se sont tendues ces derniers mois avec une série d'enquêtes antidumping lancées de part et d'autres, ou de taxes douanières, comme celles décidées par Washington contre les pneus chinois importés, vivement dénoncées par Pékin.
Sur le plan international, les deux présidents ont appelé à une reprise des négociations sur le dossier nucléaire nord-coréen, que Pyongyang a abandonnées en avril. "Nous sommes d'accord pour une reprise des négociations à Six dès que possible", a déclaré Barack Obama. Hu Jintao a souligné pour sa part que les deux parties avaient réaffirmé leur volonté de "dialogue et de consultation pour résoudre la question nucléaire de la péninsule coréenne". En avril, la Corée du Nord a claqué la porte de ces discussions à six (Etats-Unis, deux Corées, Chine, Russie, Japon) sur l'arrêt de son programme nucléaire. Elle s'est toutefois déclarée prête, début octobre, à reprendre les tractations entamées en 2003, à condition d'avoir au préalable un dialogue bilatéral avec les Etats-Unis.
Nucléaire iranien et Tibet
Quant au dossier nucléaire iranien, les deux pays ont mis en garde l'Iran. Ils ont averti l'Iran qu'il devrait assumer "les conséquences" d'un blocage sur la question de son programme nucléaire, a déclaré Barack Obama. La Chine est traditionnellement très réticente à des sanctions contre l'Iran et préfère la diplomatie.
Sur le Tibet, autre sujet de friction entre les deux pays, Barack Obama, tout en reconnaissant que "le Tibet fait partie de la République populaire de Chine", a prôné une "reprise dès que possible du dialogue" entre les représentants du dalaï lama, le chef spirituel des Tibétains et Pékin.
Droits de l'homme
Le président américain a indiqué mardi avoir parlé de la question des droits de l'homme avec son homologue chinois. "J'ai parlé au président Hu de la conviction fondamentale de l'Amérique que tous les hommes et les femmes possèdent certains droits de l'homme universels fondamentaux", a déclaré Barack Obama aux journalistes après sa rencontre avec Hu Jintao. "Nous ne pensons pas que ces principes soient réservés à l'Amérique, mais qu'ils sont des droits universels et qu'ils devraient être accessibles à tous les peuples et les minorités ethniques et religieuses", a-t-il poursuivi, sous le regard du président chinois.
Un communiqué commun publié après la rencontre entre les deux hommes a laissé entendre que peu de progrès avaient été réalisés dans ce domaine. "Les deux parties ont reconnu que les Etats-Unis et la Chine ont des différences sur la question des droits de l'Homme", selon le texte. Cependant, est-il souligné, un dialogue bilatéral sur la question reprendra à Washington avant la fin février.
Message aux étudiants
Le discours de Barack Obama lundi, prononcé devant des étudiants, a été retransmis à la télévision de Shanghai. Et avec le léger décalage qui peut permettre aux censeurs d'intervenir. La "Chine et les Etats-Unis n'ont pas à être des adversaires", a dit Barack Obama, expliquant que des bonnes relations bilatérales pourraient apporter la "prospérité et la paix dans le monde". "Les libertés d'expression et de culte et l'accès à l'information, sont, nous le pensons, des droits universels", a-t-il poursuivi devant quelques dizaines d'étudiants des plus grandes universités de la capitale économique de Chine. "Ils devraient être accessibles à tous, y compris aux minorités ethniques et religieuses, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine, ou ailleurs" a dit Barack Obama.
Sa tournée en Asie l'a d'abord amené à Tokyo, puis Singapour, où il participé au Forum Asie-Pacifique. Il se rendra aussi en Corée du Sud. Cette visite en Chine constitue le point fort de cette tournée asiatique.
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