L’exploitation du gaz fait trembler la terre aux Pays-Bas
Les Pays-Bas, autre pays du fromage, sont aussi l’autre pays du gaz, dixième producteur mondial.
Le gisement de Groningue, tout au nord du pays, est le plus grand d’Europe. On en tire 50 milliards de m3 par an. Un revenu substantiel sans lequel le déficit du pays aurait été identique à celui de Chypre, à 6,2% du PIB.
En 2011, l’Etat a perçu près de 12 milliards d’euros. Une véritable manne qui, depuis les premiers forages en 1960, a rapporté 250 milliards d’euros.
L' exploitation s’est accélérée dans les années 2000. Et c’est justement cela qui provoque de plus en plus de tremblements de terre. Les poches souterraines vidées de leur gaz se rétractent, faisant bouger sol et constructions. En 10 ans, le nombre de secousses à doublé pour atteindre 500 par an.
La NAM (Société néerlandaise de pétrole), le consortium bâti par Shell et Exxon pour exploiter le gaz, a fini par reconnaître son rôle dans les dégâts. Elle a mis sur pied un fonds d’indemnisation de 150 millions d’euros, qui devrait atteindre un milliard dans les cinq ans. Mais comme toujours dans ces cas de figure, les procédures sont longues et les indemnités varient d’un sinistre à l’autre. Beaucoup de bâtiments, fissurés sont devenus invendables.
Les habitants sont dans la peur d’un «big one». Un tremblement de terre ultime. On craint également pour les digues qui protègent de la submersion une grande partie du pays gagné sur la mer.
Le gouvernement a réagi. Il va réduire la production de gaz de 10% afin de limiter les dégâts. Le manque à gagner est déjà estimé à 700 millions pour 2014. Henk Kamp, le ministre des Affaires économiques, parle de mesures préventives à prendre. Sans indiquer lesquelles. Du reste, le gouvernement a mis du temps à prendre position, tant personne ne veut tuer la poule aux œufs d'or.
Aujourd’hui, face aux dégâts, les habitants se demandent ce que le gaz leur a apporté. Dans 20 ans, après 75 années de production, le gisement sera tari. Localement, on a peu profité de cette activité. Le sous-sol appartient à l’Etat, et il n’y a pas eu d’enrichissement local.
Il reste les fissures aux murs. Comme les plaies du prix à payer.
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