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La lente agonie de la mer Morte

Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Jamais la mer Morte n'a aussi bien porté son nom. A 429 mètres au-dessous du niveau des mers, le point le plus bas du monde est en train de s'assécher. L'eau descend d'environ 1,50 m par an. Chaque jour, des gouffres font leur apparition là où le liquide a disparu. En s'élargissant dans la terre meuble, les failles entraînent végétaux et constructions dans le néant. En cause, l'activité humaine.

Les rives de la mer Morte ne cessent de reculer.

La mer Morte, longuement décrite dans la Bible, est en réalité un lac salé dont les rives sont partagées par Israël, la Jordanie et la Cisjordanie occupée. Elle doit son nom au fait qu'aucun poisson ni aucune algue ne peut s'y développer. La salinité extrême de ses eaux en est l'explication: 347 g/litre contre 9 g dans la Méditerranée. Une densité qui permet d'y flotter sans effort ... et d'y lire son journal les jambes allongées sans risque de le mouiller. (Samir COHEN / REUTERS)
En rétrécissant, la mer Morte laisse à découvert des rivages instables dans lesquels s'ouvrent des dolines, autrement dit des crevasses ou dépressions circulaires qui, pour certaines, atteignent des dizaines de mètres de diamètre et de profondeur. En se réunissant, elles forment des méga-dolines, soit plus d'1 km de diamètre et plus de 100 m de profondeur! Les spécialistes expliquent cet effet d'effondrement par le contact entre les eaux douces (précipitations, nappes phréatiques ...) et les croûtes de sel, vestiges de la mer Morte, qui finissent par se dissoudre. A l'origine de cette catastrophe écologique, le tarissement du Jourdain qui se jette dans le lac salé et qui auparavant l'alimentait. Sur son parcours, barrages, systèmes d'irrigation, canalisations destinés à une population toujours plus nombreuse dans une région où l'eau douce manque, ont largement pompé les réserves et contribué au déclin du site. (Amir COHEN / REUTERS)
L'attrait touristique de la mer Morte et des bienfaits annoncés de ses minéraux, dont le magnésium, a engendré depuis cinquante ans la construction de plusieurs sites balnéaires et autres spas, proposant divers soins. Progressivement, les infrastructures sont englouties.  (Amir COHEN / REUTERS)
Les autorités israéliennes ont beau installer des panneaux d'avertissement, les dolines se forment aussi sans prévenir, rendant périlleux tout déplacement dans les parages. Les dolines ou «sinkholes», littéralement trous d'évier en anglais, ont fait leur apparition dans les années 80. Leur nombre est passé d'une quarantaine en 1990 à environ 3.000 ajourd'hui. Des affaissements qui sont «une conséquence directe de la mauvaise gestion des ressources en eau dans la région», selon l'écologiste Gidon Bromberg, directeur israélien d'EcoPeace Moyen-Orient, une initiative israélo-jordano-palestinienne pour la préservation du paysage naturel de la région, cité par i24News. (Amir COHEN / REUTERS)
Les activités chimiques sont nombreuses autour de la mer Morte, en particulier côté israélien. Chaque année, 600.000 tonnes de sel y sont extraites et sont utilisées dans l'industrie agroalimentaire ou cosmétique. Les nombreux bassins d'évaporation utilisés dans cette industrie contribuent à l'assèchement de la mer Morte.
 (Amir COHEN /REUTERS)
Ce canal, consacré lui aussi à l'exploitation du sel, dont la composition riche de vingt-six minéraux est unique au monde, constitue l'un des équipements économiques du site. Mais l'industrie est en train de tuer la poule aux oeufs d'or. (Amir COHEN / REUTERS)
La mer Morte a toujours été entourée par le désert, formant une sorte de miroir inattendu dans cette contrée. Au rythme de l'assèchement actuel - la perte de plusieurs millions de m3 par an - le miroir n'aura plus que la taille d'un poudrier à l'horizon 2050.  (Amir COHEN / REUTERS)
Depuis trente ans, existe sur le papier un projet de canal - appelé canal des deux Mers ou canal de la Paix, selon les périodes - reliant la mer Rouge à la mer Morte. Les protagonistes (Jordaniens, Israéliens, Palestiniens) ont déjà plusieurs fois signé des accords - le dernier date d'avril 2015 - mais la réalisation d'un aqueduc long de 180 km ne s'est jusqu'à présent pas concrétisée. Plusieurs associations écologistes sont intervenues dans le débat. Selon elles, le déversement de l'eau de la mer Rouge dans la mer Morte risquerait d'en transformer radicalement la composition chimique unique. On pourrait alors y voir se développer des cristaux de gypse et des algues rouges. En d'autres termes, une nouvelle catastrophe. (Google et Géopolis)

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