"Je n'ai pas d'arme, pourquoi les soldats font-ils de moi une cible ?" En Cisjordanie, les ambulances aussi sont visées par Israël
"Ça, ce sont des impacts de balles, vous voyez ?", montre Hazem Masarweh, Palestinien de Jénine en désignant le capot d'une ambulance. Il la conduit à chaque raid à travers la ville, à la recherche de blessés. "Nous sommes des ambulanciers. Dans mon travail, je ne regarde pas si je transporte un combattant ou un civil. Mon rôle, c’est juste de les sauver. Mais moi, je n’ai pas d’arme. Alors pourquoi les soldats font de moi une cible ? C’est insensé. Pourquoi ils tirent sur mon véhicule ?", questionne Hazem. Depuis quelque mois, son travail est devenu incroyablement compliqué et dangereux, explique-t-il.
L’hôpital gouvernemental de Jénine, où nous le retrouvons, est d’habitude considéré comme un lieu sûr. Mais, ici aussi, les choses ont changé depuis le 7-Octobre, explique Qassam Abu Gutna, un des médecins responsables des urgences. "L’hôpital, vous savez, c’est un lieu stratégique. C’est l’un des premiers endroits accessibles quand vous sortez du camp de réfugiés de Jénine, c’est le premier lieu d’arrivée des blessés. Et on voit aussi de nombreuses familles du camp qui viennent s’y réfugier dès qu’il y a un raid de l’armée israélienne par exemple.", raconte-t-il.
"Maintenant, les tirs des soldats nous visent jusque dans la cour de l’hôpital."
Qassam Abu Gutna, médecin à Jénineà franceinfo
"Les ambulances n’arrivent pas non plus à entrer, ajoute Qassam, Tout cela met la vie de nos patients en danger. Et même quand elles circulent, elles sont sans cesse fouillées", s'inquiète-t-il.
La population civile formée aux premiers soins
Alors, ce docteur a créé un atelier pour apprendre les gestes de premiers secours à des habitants du camp. Il a formé des ingénieurs, des commerçants, des avocats, des professeurs et même des adolescents. "Même si ces gens ne peuvent pas emmener les blessés à l’hôpital directement, au moins on est contents car cela permet de sauver des vies. On les accompagne toujours en les guidant par téléphone, leur disant quoi faire, savoir où ils sont exactement. Et ça se passe toujours bien", explique le Dr Abu Gutna.
Lors du dernier raid, un jeune a survécu grâce à ces soins, dit-il, alors qu’il était resté six heures avec une balle dans le bras et une autre dans l’abdomen avant de pouvoir rejoindre l’hôpital.
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