À Gaza, l'Égypte mise sur la reconstruction pour affirmer son influence
Après la guerre du mois de mai dernier entre Israël et le Hamas, la reconstruction de la bande de Gaza est fastidieuse. L'Égypte, qui avait contribué au cessez-le-feu, y participe pleinement, mais cette diplomatie économique de l'Égypte fait grincer des dents. À Gaza, les Égyptiens n'embauchent pas de gazaouis.
Le président égyptien Sissi est partout à Gaza. On le retrouve sur une affiche géante à la frontière avec Israël ou encore sur des photos qui ornent les engins de chantier en train de rénover la route côtière. "L'Égypte s'occupe de la reconstruction de Gaza, c'est normal de voir les ingénieurs, les ouvriers et le matériel égyptiens", explique Zohair Al Saqqa, le patron du Bianco, un bel hôtel de plage qui a ouvert en juillet.
Des ouvriers égyptiens, logés dans un lycée tout près d'ici, sont en train de rénover le front de mer. "Nous sommes heureux de voir quiconque aider les Palestiniens à rebâtir ce que les Israéliens ont détruit pendant la dernière guerre. Nous leur disons bienvenus", se réjouit Zohair. Ce dimanche 10 octobre, les autorités égyptiennes ont aussi allégé le blocus commercial à la frontière avec Gaza pour stimuler l'économie gazaouie, très mal en point.
Les entreprises égyptiennes n'embauchent pas de Gazaouis
Ces chantiers ne règlent pas pour autant la question du chômage de masse à Gaza. Sur ce territoire, il y a 50% de chômeurs, et la population attend toujours la reconstruction. "Peut-être que c'est bon pour le gouvernement mais pas pour nous", admet Sami Al Sakani. Lors du conflit en mai dernier, sa maison, celle de son père et celle de son oncle ont été détruites, et depuis ils vivent à 33 dans une seule location.
"Les Égyptiens sont nos frères, nos frères de sang, mais à Gaza, beaucoup de gens n'ont pas de travail, si j'étais le gouvernement je ferais travailler les nôtres d'abord !"
Sami Al Sakani, vendeur de poisson à Gazaà franceinfo
Face au Qatar, qui a construit de splendides mosquées et ouvert une ambassade à Gaza, l'Égypte souhaite se poser en puissance influente. "La politique, c'est des intérêts, explique Mustafa Husseini Sawaf, spécialiste en géopolitique, on demande au Hamas de maintenir le calme et d'empêcher quiconque de s'infiltrer en Égypte. Il y a aussi une relation économique, à Gaza, il y a des consommateurs et l'Égypte a besoin de débouchés. Mais surtout l'Égypte veut redevenir le grand acteur régional, elle pense que la question palestienienne le lui permettra, en particulier après les échanges entre Biden et Sissi".
Le Hamas reste au pouvoir à Gaza, mais c'est bien le drapeau égyptien qui flotte dans l'air. Pendant ce temps, les gazaouis se bousculent en masse pour aller travailler en Israël.
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