En Palestine "divisée", "fragmentée", l’héritage de Mahmoud Abbas ne semble pas à la hauteur des rêves
À l'occasion de la rencontre lundi entre le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le chef de l'Autorité palestinienne, coup de projecteur sur la Palestine, où sont lancées les spéculations sur la succession de Mahmoud Abbas.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, que doit rencontrer le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, lundi 26 mars, va célébrer ses 83 ans, le jour même. Alors que les observateurs s'interrogent sur son état de santé, les spéculations ont déjà commencé en Palestine où la situation est compliquée par des divisions.
En 2005, quand Mahmoud Abbas est élu à la suite de Yasser Arafat, les Palestiniens rêvent d’un État indépendant et reconnu. Mais treize ans plus tard, l’héritage politique et social du raïs est très critiqué. Nour Oded a été la porte-parole de l’ancien Premier ministre. La Palestine, dit-elle, se retrouve dans une crise profonde, "la plus importante qu'on ait eu à traverser". "La politique palestinienne est fragmentée, tout comme le territoire sous occupation. Et dans la diaspora aussi, les choses sont fragmentées", explique-t-elle. Selon Nour Oded, ces constats se ressentent dans le discours politique en Palestine, également "devenu fragmenté".
Une crise politique et démocratique
Le mandat du président a expiré il y a neuf ans. Sa succession n’est pas organisée. Et la division, qui porte une part de responsabilité, fracture toujours la société, selon Ghassan Khatib. Il possède la double casquette de politologue et d’homme politique. "Malheureusement, la division interne des Palestiniens, entre le Hamas et le Fatah, a provoqué ou à servi d'excuse pour justifier l'absence d'élection", commente-t-il. "Cette division a laissé les Palestiniens sans système démocratique et sans structure collective pour diriger. Elle a créé une situation de concentration des pouvoirs", poursuit Ghassan Khatib.
En plus de l’absence d’élection, les atteintes aux libertés publiques sont nombreuses. Le centre servant de tour de contrôle pour la liberté de la presse, le MADA, a répertorié 154 atteintes, en 2017, en Palestine. Le contrôle d’internet a aussi été renforcé. Les effets sont désastreux, dit le directeur général Moussa Rimawi. "L'autocensure chez les journalistes palestiniens est très élevée et cela limite la liberté d'expression en Palestine", affirme-t-il.
Mais à ce stade de son héritage, Mahmoud Abbas peut se prévaloir de diriger un pays modéré dans un environnement qui s’est sensiblement radicalisé depuis les révolutions arabes.
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